lundi 20 avril 2009

Procession

Tout le team LaCuvette se prépare à une sainte procession, sans distinction de race, de sang ou de niveau, pour solennellement se recueillir une dernière fois, sur feu Planète-bloc, le lieu de tant d’ébats durant ces 2 dernières années. Le génie créatif de Nico le PB master, les mondialement renommés tacos de Luca, les blocs incompréhensibles pour hyperlaxes de Nunu, les fameux contests du mardi soir avec ses lots misérables toujours discrètement distribués aux intimes de Nico…tout cela, et bien d’autres encore resteront encore longtemps gravés dans nos mémoires…et dans nos gestes, ces mouvements tant de fois répétés sont maintenant responsables d’une bonne partie des nos tics compulsifs. Par devoir de mémoire Oliv a pris soin de récupérer quelques cendres du notre défunt antre du bourrinage, pour se bâtir un sanctuaire sacré dans lequel nous pourrons encore longtemps nous recueillir. En fidèle de la première heure, je me devais de prendre part à cette première cérémonie du souvenir, soutenu par Oliv et Alex, venu de loin pour partager ma peine.Adieu PB, une part de toi vivra à jamais au fin fond de LaCuvette.
La fin de l’hiver pointe son nez. Il est maintenant l’heure de redescendre sur la terre ferme et de se préparer à affronter la nature hostile. Il va falloir trouver son route et survivre jusqu’à pouvoir enfin se transformer en cette si gracieuse chrysalide.
Telles ces Thaumetopea pityocampa, les skieurs ont rangé leur lourd fardeau pour retrouver le chemin des falaises. Encore grégaires et peu sûrs d’eux, ils forment un long cortège pour la procession de la nymphose, une longue file indienne jusqu’à trouver l’endroit idéal pour que…de la petite larve répugnante, s’envole une douce sylphide. La colonie finit par trouver rapidement le lieu rêvé, au pied de la DJ. La première à s’envoler fut Manue, toute chamboulée de pouvoir renouer avec le plaisir technique d’une dalle sculptée comme celle de la bien nommée Voie des copines, un des rares 6b+ de la falaise.Malgré de beaux efforts Yves et Bertrand ne réussirent par bien à décoller dans le très long et exigeant Gare aux loups, interminable 7a+ de l’Ed Wall. Et pourtant, Yves travaille consciencieusement sa préparation physique, il fut aperçu quelques jours auparavant dans la confidentielle falaise de la Cascade d’Alloix, dénichée par le local de chez local, incontournable de ce coté ci de LaCuvette, Foué. Alors qu’il s’acharnait dans les mouvements dynamiques de l'essouflant 7a+ des inversées ca te niquent, nous profitions du privilège d'une RTT bien sentie pour faire du volume dans la même voie puis dans la très esthétique Attaque tonique des claques 7b.
Toujours à la DJ, GrandLudo jetait son dévolu malheureux sur le pas de bloc retors du 7b+ du Pec et des ongles, Sylvain et Jean-Yves cherchaient désespérément mais en vain, une voie pour tisser leur cocon. Oliv et Alex enlisaient domicile dans le physique et tonique Tectonique des ploucs 7b. Décidément un lieu paradisiaque, comme ces deux grandes et belles envolées concoctées par Ludo, dans ce long et exceptionnel mur de l’EdWall, parcouru de 2 nouvelles lignes de rêves, Last Ride over Sheep Mountain 7b+ puis 8a+ et Shine on, 7b+ puis 8a dont les première partie firent le bonheur du privilégié que je suis… Mais comme l’on ne peut parler de l’Eden sans évoquer les Vouillants, il nous fallait aussi nous rendre là bas et y laisser quelques traces. Ce fut Sylvain qui s’exécuta le premier en expédiant après moult essais une de ses bêtes noires, Fils de brute, le 7a local qui malgré un vilain point supplémentaire sur le haut garde toujours ce je ne sais quoi marquant à vie, les souvenirs de chacun des cuvettards. Jean-Yves suivit en exterminant la longue suite de prises surnaturelles du très conti Nuit de Nonosse, 7a+, avant que je ne vienne à bout de l’oublié 2eme longueur aérienne d’Air Afrique, 7c+ perdu tout là haut, sur les petites croutes croustillantes qui surplombent de près de 40m les belles bennes bleues du dépôt d'ordures Lely.

dimanche 12 avril 2009

Mange ta soupe !

C’est ce que s’acharnaient à nous rabâcher nos chères et tendres mamans, comme un rituel lors de chaque repas du soir. C’était la condition sine qua non pour avoir la permission de se lever de table et profiter du quart d’heure de répit suivant, avant la corvée du brossage de dents et l’infamie de l’heure du coucher, toujours trop prématuré. Et tout ça par amour, pour que nous puissions être les plus beaux, les plus forts, les plus grands… Même si l’on peut affirmer que nous étions tous logés à la même enseigne, force est de constater que les résultats ont malgré tout divergé : Iaki et Oliv sont de véritable Apollons, François est devenu immensément fort et Grandludo irrespectueusement gigantesque …et quant au pauvre Schnappi
Notre passe-partout du fort de Lacuvette, véritable forçat du Pan Gullich, allait finir par tordre le cou à ce destin malheureux. En ce début Avril 2009 et alors qu’il devrait passer ses journées cloitré, à peaufiner son Capes, il devient l’un des tous premiers cuvettards de la première heure à franchir le cap mythique du 8b. Certes un peu loin de la vire, mais 8b tout de même. A l’heure de la starisation de LaCuvette, cité entre les lignes du dernier "Bruits de cuvette" du brillant Foué dans le dernier Grimper, voici l’occasion rêvée de laisser enfin la parole à notre talentueux nain de jardin préféré. Lancé sur les traces de Charlie qui s’était aussi confié à LaCuvette, il vient de cocher la première partie du potentiel 8c de St Pan, Mange ta soupe, équipée par le regretté Phildar.
Alors ça fait quel effet un premier 8b ?
8b, 8b…disons que c’est plutôt un demi 8c ! Mais bon, j’ai l’impression d’être maintenant un vrai grimpeur… Depuis je ne sais plus ce qui m’arrive, je fais des voies a vue, je ne pars plus preclippé, je n’ai plus de rallonge, je ne fais plus aucun trait de cake, je prends des gros plombs…un vrai grimpeur quoi…non t’inquiète, je déconne
Mais le plus important c’est que je suis super fier d'avoir fait une voie a Phildar. Phildar, c’est l'idole de toute une génération, et chaque soir en m’endormant, je rêve en secret qu’il revient armé de son perfo magique.
Connaissant ton acharnement, ça t’as demandé beaucoup d'essais ?
Au niveau du nombre d'essais, comme d’habitude, je ne sais pas trop, surtout si je compte les essais en moul’. Mais bon, j’ai mis 3 séances
Je suis vite arrivé à monter assez haut. Je tombais au niveau d’un mouv’ bien physique, à environ 3 mouv’ de la fin... J’ai du tombé 3 ou 4 fois par là, je n’avais plus assez de force et le clippage me coutait beaucoup. Ensuite, je me suis entrainé comme un mulet et j’ai pris un peu de resi. J’ai aussi mieux géré le rythme et j’arrivais à passer ce mouv’ pour tomber 2 ou 3 fois dans le tout dernier mouv’. Et je suis même tombé une fois avec le bac final, en essayant de clipper le relais avec le mou en main
Clipper le relais ?? Un comble quand on sait que tu pars souvent préclippé du relais… ?
Je suis un vrai grimpeur maintenant je t’ai dit !!
J’ai fais ça propre, juste un petit préclippage de rien du tout sur les 2 premiers points, et encore, à la demande de mon assureur pour qu’il soit rassuré et que je ne m’écrase pas sur lui. Et puis, tu vas être fier, aucune rallonge…et j’ai même pris des plombs, si, si !!
Bon, j’ai toujours quelques tics, je me suis forcé à clipper une dégaine de travail en plein milieu du dur.
Allez, on est entre nous, tu peux le dire que ça vaut pas un 8b du fin fond de Lacuvette ?
Au niveau de la cotation, je ne sais pas, je n’ai pas trop de référence. Et puis je suis surtout péter de force en ce moment. Rajoute à ça que je bouffe que des Slimfast depuis 6 mois, et me voilà maigre comme jamais !! Bon, que ce soit 8a+, ça ne me choquerait pas, mais je respecte les équipeurs et les éditeurs de topos : je ne décote jamais !!
Au début je pensais que c'était vraiment du 2. Je me disais "ouaiiiis c plus facile que mezza vocce, un petit 8a de la vire d’Espace, dans le même style". Et puis en tapant des essais j’ai vu qu’il fallait forcer un peu quand même ! En tout cas ça ne devrait pas être moins que 8a
Et puis St Pan ça compte quand même. Ok c’est plus en fond de cuvette mais plutôt sur la lunette, mais ya quand même certaines voies qui sentent bien fort la bouse genre: le goulag, sgog, le menton…D’ailleurs j’ai l'intégrale de cette trilogie mythique
Ca sert à quelque chose le PG ?
C’est clair que le pan gullich ça aide, comme par exemple le fait de faire des tractions d'un bras sur les boules du pg : y’a que moi qui y arrive. Je suis aussi sur-rando sur les pinces....
Le fait d'avoir travaillé et explosé le parcours coupe du monde sur PG m’a bien mis la patate !
En plus de t’avoir rendu modeste, ca t’a aidé à pécho le PG?
Bah…. faire du 8b et être champion du monde pg, ça pas encore la bérézina, ça aide pas trop pour chopper des meufs....Le problème, c’est qu’à chacune de mes séances y’a toujours les 2 clochards qui trainent avec moi Pierrick et Matthieu. Avec lesurs sales gueules, leurs odeurs et surtout leur nombre de conneries à la minute, ils font systématiquement fuir toutes les petites gymnastes du CSU. Pourtant, je vois bien que quand je tombe le T-shirt, le monde s’arrête pour elles, elles n’ont d’yeux que pour moi !!
Si t’en est là aujourd’hui c’est un peu grâce à LaCuvette non…le 8b, le fantasme des gymnastes ?
Bien sur, si j'en suis arrivé là, c’est bien grâce au team cuvette. Ca a toujours été une source d'inspiration et de motivation, un moteur pour le dépassement de soi... Et c’est bien sur grâce aux voies malicieusement équipées…banzai… par Maitre Yush que j’ai pu peaufiner ma technique et pousser mon escalade jusqu'a atteindre la quintessence de cet art...
Et puis toutes ces séances par -10 degrés, sous la neige, la pluie, et le vent, ça te forge un grimpeur, un vrai grimpeur... Alors oui pour tout ça.....je ne remercierai jamais assez Lacuvette !! Bon et maintenant ?
Mon prochain super projet, c’est l'intégrale, pour suivre les traces de Charlie !! Il y a bien moyen de fendre. J’irai bien à Espace dans le baiser bleu….faut pas oublier que c’est la plus belle falaise du monde, et je veux faire l'intégrale !!
J'aimerai bien allez essayer ma voie aux Saillants, charlotte au Congo et celle d'espace comboire, nanouchka…ce sont les plus belles voies de LaCuvette.
Bien joué Schnappi, toute LaCuvette se félicite d’avoir misé un copeck sur toi et de t’avoir recueilli, alors que tu n’étais qu’un enfant.
A noter aussi que depuis, Mange ta soupe serait en passe de devenir une classique, puisque la première partie aurait connu une nouvelle répétition et que l’intégrale serait tombée sous les assauts du suscité Pierrick et de l’inévitable Quentin alias Toufic, toujours là dans les bons plans du coté de LaCuvette. Bravo à tous, LaCuvette compte sur vous pour que vous prodiguiez encore la bonne parole jusqu’au bord extérieur de la lunette.

mercredi 1 avril 2009

La croisée des chemins

Ce lieu où les chemins se séparent, comme pour mieux se retrouver ensuite. Un point de questionnement mystique sur la route des mystères divins, auquel semblait être parvenu François. Après la célébration des invisibles, un autre 8b perché de son nouveau secteur d’Autoire, il se prépare maintenant à se rendre à Lourdes. Comme si sa quête de l’anagogie le poussait vers notre sainte vierge. Comme si elle l’appelait, pour enfin le révéler à l’humanité toute entière, pour l’élever parmi le saint des saints. Il sera accompagné de son plus fidèle serviteur, Iaki, qui a juré devant l’éternel de revenir pour témoigner des futurs miracles que réalisera son maître dans quelques une des plus belles falaises pyrénéennes.
D’autres chemins cuvettards allaient aussi se croiser ce weekend. Comme celui du team eb, en déplacement exceptionnel dans le centre névralgique de LaCuvette qu’est Planète Bloc. Accompagné de M.eb en personne, tous s’étaient depuis longuement préparer à affronter les problèmes ouverts avec tant d’amour et de génie par Nico, notre vénéré PB master. Et dire que ce fut l’un des rares weekends de la saison de grimpe où je dus m’absenter et laisser les clés de LaCuvette…
Yves, attendant son heure et rêvant de cimes enneigées, croisa par dépit notre route. La météo capricieuse compromettait sa préparation à un de ses nouveaux défis, peut-être enfin à sa hauteur. Sache qu’il nous faudra attendre encore longtemps le jour où, nous autres, arriveront, ne serait-ce qu’à la cheville de ton extraordinaire niveau physique. Ce jour là, on sera tous au moins…sexagénaires et retraités !!
Martin decida aussi de faire un bout de chemin à nos cotés, en père indigne s’étant débarrassé de sa jeune progéniture pour partager un samedi matin entre cuvettards. On vit aussi Jean-Yves, enfin libéré de sa 2eme grossesse et dopé aux hormones pour son retour en force. Enfin, il y eut GrandLudo, s’accordant un peu de répit, entre 2 périodes de 2 semaines de congés…en à peine un mois, tout juste de retour de la Réunion et en instance de départ pour les falaises de l’Ardèche.
Accompagné des inconditionnels que sont Sylvain et Bruno, tout ce petit monde décida de braver la météo, de se bander les yeux et de se couper la langue pour venir essayer quelques un de mes nouveaux égarements d’équipeur névrosé. Après un échauffement laborieux dans une voie dont l’on taira par decence, le nom et la cotation, Yves répéta une des désormais classiques du secteur, un peu plus de tendresse, un 7a dans lequel il rendit hommage à une certaine légende blonde…le style en moins, suspendu d’un bras sur la lèvre du surplomb, l’autre main occupée à délayer puis à clipper. On retiendra aussi l’instant de doute et les fameux gémissements qui suivirent, si justement accompagnés du sanglot de désespoir ''j’y arrive plus !!''…fort heureusement contrés par nos encouragements, au moment du réta.
L’autre classique du site, un jour sans lendemain, 7a+, connut son lot de répétitions, avec Sylvain, puis Bruno. Ce dernier découvrit enfin qu’il était capable de plier le bras à plus de 45°, même avec des pieds pendouillant dans le vide.Vint ensuite le tour de Martin et GrandLudo, de se prendre pour la star des latrines, dans une première section tapant dans les 7c/7c+. L’intérêt du pas de bloc lunaire de la directe dans le surplomb médian ne fut pas avéré, mais le simple détour par la gauche pour rejoindre la sublime suite dans la dalle à gouttes du haut s’imposa de lui-même !
Et si c’était finalement cet aspect du secteur qui nous envoutait ? Cette croisée des chemins verticaux, rendue possible par la ligne de faiblesse naturelle du mur, cette rampe striant le secteur de part en part. Une certaine impression de complexité, un reflet des égarements et des caprices d’un ouvreur lypémaniaque, mais qui confèrent au secteur une individualité et un caractère peu courant, une espèce de foisonnement magique que chacun devra faire l’effort de découvrir et de s’inventer…Un peu comme aurait pu le dire François, sur les traces d’un aïeul dominicain, et à propos de nous autres pauvres pecheurs équipeurs ''les uns croient que les autres se trompent de chemins s'ils ne suivent pas le leur'' .