lundi 30 novembre 2009

Perfect moment

Etre là, juste lorsqu’il le faut, pour profiter d’un instant précieux qui ne se représentera plus jamais sous la même forme. Fruit du hasard pour les doux rêveurs et leur bonne étoile. Machiavélique machination pour les calculateurs qui ne font du destin qu’une suite d’événements maniaquement préparés.





8h10 au parking, nous descendions chaudement vêtus le long de la route couverte de givre. Alors que nous sortions à peine du tunnel, j’entendis les commentaires émerveillés de cuvettards encore endormis, stupéfaits devant ce qu’ils prenaient presque pour une sainte apparition. "Ca alors, il n’y a du soleil qu’à un seul endroit, et c’est sur la falaise!"…comme si c’était le hasard qui m’avait fait si lourdement insister pour décoller dès 7h15…C’est là qu’il fallait être, ne serait-ce que pour le gâteau au chocolat de Jean-Yves promis pour son premier 7c, la semaine dernière au même endroit. Mais il en faudra un autre la semaine prochaine pour son deuxième, toujours au même endroit, avec Never Trust. Grandludo rata de peu la même voie flash, vraisemblablement gêné par de trop grandes jambes venues se coincer sous les aisselles dans le regroupé du dernier mouvement. Quant à Luca, sans son harem, il nous régala de biens beaux essais. Malgré un changement de méthode avec "le pied sur le choux fleur", il ne parvint toujours pas au terme de son Voyage, 7c+. Seule voie sur croutes en dalle dans ce temple de la conti sur colo. Xavier aurait-il fait exprès d’oublier ses clés au pied de la falaise ? Un prétexte tout trouvé pour y retourner le lendemain et poursuivre une moisson de croix bien commencée avec la très homogène connexion en 7c de Never Trust a Hamac. A moins que ce ne soit son désir secret de partager un samedi après midi avec Yves et vivre une légendaire poussée de caddie à Carrouf.
Le hasard seul expliquerait-il l’aisance d’Oliv et Sylvain dans la longue section rési de Coran alternatif, le 7c à l’extrémité droite de la falaise ? Je trouvais la réponse à la question dès le lendemain, alors que je rendais une visite surprise à Oliv, pendant la promenade digestive dominicale. Lorsque j’ouvris la porte d’entrée du garage, j’étais à milles lieux de m’imaginer pareil scène. Une véritable salle de torture …et nos deux compères en plein effort, au milieu de tonnes de fonte, enchainant des séries de forçats. "On a rien sans rien !" me lançaient-ils en cœur, comme pour me culpabiliser de ne pas être capable d’aligner 2 tractions d’affilée, même au meilleur de ma forme…Je pensais alors à Schnappi et ses légendaires séances sur le pan gullich de la fac. Cela expliquerait-il ses croix du week-end dans Tomber du ciel, 8b à Tamée coté court et l’Epicentre de la taupinière, 8a à la taupinière. Certes, il s’agit du Vercors, et même si ça ne compte pas vraiment, force est de constater l’affutage du moment du jeune protégé de LaCuvette. Comme quoi, rien ne vaut une bonne humiliation par de frêles grimpeuses sur le pan gullich. Remercions aussi à sa juste valeur, son tout nouveau sponsor sans qui rien n’aurait été possible : l’éducation nationale !!
Depuis plus d’un mois, Nico semblerait avoir disparu du paysage cuvettard, depuis son mémorable baptême espace comboirien. Là encore, point de hasard, il serait en train terminer une redoutable machine de guerre capable de satelliser les cuvettards loin sur la route du 8 eme degré…
Mardi, énième grève du sponsor de Schnappi. Depuis longtemps, j’avais arrêté de questionner la maitresse sur ses motivations profondes. Je posai machinalement un jour de congé. Par hasard, Ludo était de garde suite à la fermeture pandémique de l’école. Ce fut donc par le simple fait du hasard que nous nous retrouvions pour un gouter au pied des dévers de Comboire. Une falaise de l’histoire locale. Un devers régulier, taillé au couteau. 18 mouvements parfaitement homogènes…et pas une seule prise naturelle, toutes amoureusement taillées au perfo. Un nom pour faire rêver, Lèvres de feu, un 7b d’un autre temps comme il n’en n’existe plus…Comment venir à Comboire sans monter au moins une fois dans le 7c d’El condor buta ? Après les récentes ballades dans les 7c vertaco, rien de tel qu’un bon gros but, soit dans les mouvements physiques du départ, soit dans la traversée dans le bas de la conque où l’on ne sait plus de quel coté balancer les pieds pour se sortir du gros bi et se rétablir précairement, soit lors du clippage dans le dos du point suivant, soit dans la sortie sur angles précaires ou soit dans la dernière partie en dièdre technique et aléatoire. Encore une base de LaCuvette, et comme par hasard à peine à quelques encablures de la maison et du boulot…
Mais alors, comme le pensent certains, ce serait seulement le hasard qui ferait si bien les choses ?

lundi 23 novembre 2009

Vercors-itude

Ca doit être l’effet été indien. Même si l’ancien avait tort puisqu’il n’existe pas que dans le nord de l’Amérique. Un souffle d’air chaud venu du sud, un soleil radieux qui rase les cimes environnantes, un relief paisible et dégagé. Le murmure de l’automne avec ses dernières feuilles jaunies qui craquent et se laissent porter par le vent…on en oublierait presque l’agitation de LaCuvette, l’austérité de ces accès longs et scabreux, l’inconfort de ses vires, la rudesse de son caillou et le ronronnement incessant et rassurant de la ville. Une sorte de parenthèse faite de douceur, qui s’inscrit dans la durée et qui réveille la part de féminité de LaCuvette. Après la démonstration de la semaine dernière, madame JMC remet ça du coté de Tamée coté court en réglant son compte, avec une délicatesse pleine d’aménités, le court 8a de Laisse béton.

J’ai volontairement tronqué le commentaire inopportun qui ternissait la fin du film, surement à mettre sur le compte d’un mari jaloux… : "n’importe quoi, et sans avoir posé une seule fois les pieds’’.
Luca, le sultan de Tinadalle, défile depuis plusieurs semaines en charmante compagnie Comme si l’effet ‘’je roule les r, j'ai un nom en i, et je laisse briller ma chaîne en or sur ma moumoute’’ n’était finalement pas qu'une légende. Mais c’est Laurence qui finit toute seule le Voyage, son tout premier 8a…laissant notre pauvre Casanova aux portes de la première longueur pourtant juste assez physique pour son physique d’Adonis, en 7c+.
Le goujat ne prit même pas la peine d’immortaliser l’instant…me voilà obligé de sortir une vieille photos hors de propos… Le privilège de l’âge nous conduit à moins de scrupules et moins d’idéalisme. Un peu comme ce bleu qui savait bien qu’il serait plus habile pour pousser la balle au fond du filet avec sa main plutôt qu’avec son pied. Direction Tinadalle encore. Pas de marche d’approche, horizon bucolique et confort au pied des voies. Oliv ne sut plus sur quel pied danser, ni lequel poser d’ailleur dans ce lieu qui sera surement celui de ses futurs exploits. Bruno nous refit le coup du ''même pas fatigué au bout de 35m d’escalade et plus de ¾ d’heure dans la voie''. Sous prétexte de ne pas vouloir faire le dernier mouv en dynamique, nous l’avons vu redescendre la moitié de la voie pour se refaire complètement, avant de remonter clipper la chaine, au ralenti. Plus c’est long, plus c’est bon, mais visiblement pas encore assez, même dans sang coulé, 7b+, la voie la plus longue de la falaise. Jean-Yves signa son premier 7c avec Grain de poussière, l’incontournable mur à colo rési de gauche. Sylvain serra sans retenue les prises de Never Trust, victime de l’excitation d’être aussi proche de son premier 7c. Encore un peu de dosage pour gérer correctement ces 3 sections bloc et il rejoindra Jean-Yves dans la course effrénée vers le 8eme degré. Courage, les premières fois sont souvent les plus rudes…. C’est ce que je me suis dit en reptant sur la colo ronde de garde à vue prolongée 8a, avant d’entreprendre l’hasardeuse mais salvatrice horloge du JMC et de finir miraculeusement par saisir le dernier et lointain bidoigt. Enfin un 8 en pays Vertaco, avec une colo et de plus de 3 mouvements. Sans une seule prise à arquer et où il ne faut penser qu’à fermer le bras, encore, longtemps, et jusqu’en haut, sans jamais se soucier des poser les pieds. En redescendant, je restais sur un sentiment bizarre, un goût d’inachevé. En fait depuis le début de nos déboires dans cette falaise, mon regard restait irrésistiblement attiré par cet énorme trou béant, cette bouche ouverte suspendue et parcourue par une ligne de spits peu parcourue, au nom évocateur, Baptême de l’air, 7c. Sans savoir pourquoi, je m’élançai dans le départ commun avec Obelix, le 7c de toute une vie pour Yves. Je bifurquai ensuite sur la droite via une traversée aux mouvements dynamiques à subtilement contrôler pour ne pas partir en porte. Je m’enfonçai alors dans le trou, clippant de vielles sangles pendouillant dans le fond. C’est lorsque que je dus commencer à me retourner, à faire de grands écarts entre les deux cotés et à légèrement redescendre que je compris enfin pourquoi j’avais été appelé de la sorte. Un air de DJ, de la grande arche, lorsqu’il faut franchir la lèvre de l’arche, celle qui redescend derrière le dos et qu’on ne sait jamais comment appréhender. Pour finir par balancer les pieds de l’autre coté, tout seul là haut, loin du regard de l’assureur. C’était donc ça, l’appel de Lacuvette, de cette singularité de laquelle le cuvettard n’arrive pas à se défaire… Un peu comme Lol, qui fit le déplacement au pays de dévers à colo pour le défilé automne hiver 2009 de la collection Lacuvette mais aussi pour taper des essais dans la seule voie en dalle où il faut arquer, le 8a+ redoutable de 25’’52. Il n’y eut que Martin pour faire illusion dans Trapèze, 8a au prix de zippettes à répétition…vu le cagnard, il fallait s’en douter…Yves et Bertrand, eux n’ont pas réussit à s’extraire du fond du trou et sont restés à Voreppe. Trop impressionnés par le 7b de confession, la ligne parfaite fendant la lame déversant du secteur de droite, ils ont finalement concentré leurs essais sur une des plus belles lignes en dalle de l’univers, le fameux arc de cercle de la courgette, 7b. Rien que d’en parler, j’en ai l’eau à la bouche…car il faudra bien faire aussi bien que Schnappi et cochant le 8a le plus court de Lacuvette, la premiere longueur de Fading light ainsi que le seul 7c au monde en toit… qui se fait sans les mains…juste en coinçant les jambes jusqu’à la cuisse, la mythique Ampoule du jardinier…le tout avant d’aller fouler la plus belle colonne de la planète, à coté de laquelle le dinosaure de Seynes passe pour une bouse, la 2eme longueur de Fading Light, 8a !!
Pourvu que ca dure, j’espère que toute la vie sera pareil à ce matin, aux couleurs de l’été indien…ah mais c’est quoi cette voix bizarre chaude et grave que j’ai ce soir...enfin un signe de la puberté ?

lundi 16 novembre 2009

Les jours...

...Se suivent mais ne se ressemblent pas. Pour le grand bonheur de ceux qui cherchent le frisson de l’inconnu, qui fuient l’angoisse de la routine et qui cachent leur névrose derrière une course effrénée contre le temps qui passent et qui leur échappe. Et pour le malheur des autres qui ne maîtrisent plus leur vie, contraints par tant imprévus quotidiens, les privant de sains plaisirs de monomaniaques. Du coté de LaCuvette, certains incontournables sont ainsi devenus légions. Comme le fameux samedi matin, départ 7h15…même si un certain esprit rebelle s’est subitement manifesté ces 15 derniers jours. Sylvain, fit mine une première fois de rater son réveil, alors que le devoir de mémoire aurait du le lever aux aurores pour célébrer nos héroïques aïeux du 11 Novembre. 3 jours plus tard, il s’embrouilla avec une litanie sur un ordinateur de bord mal initialisé bloquant le démarreur de sa vielle Clio du siècle dernier jusqu'à 8h. On le vit donc arriver en retard à Tinadalle et, contre toute attente se mettre à taper des essais, et ce, pour la première fois de sa vie dès la première séance et sans ses sempiternelle montées de calage et de repérage dans un 7cNever Trust. Une voie que Luca enchaina avec maestria, avalant sans broncher ces 3 sections blocs qui elles aussi se suivent mais ne se ressemblent pas. Après plusieurs mois d’abstinence, Oliv touchait enfin du caillou, renouant avec le plaisir de mettre des chaussons et de poser…ses pieds… presque atrophiés par de long mois d’inactivité. Même sur un pan à 60°, avec pourtant de gros plats à sensation, il n’est pas arrivé à s’en servir. Après la pluie donc, le beau temps…On avait commençé avec un avant gout de l’hiver arctique, accompagné de Martin, Luca et Yves, dans le brouillard, au milieu de lignes trempées et quasiment sous la neige. Ce qui nous assura une parfaite tranquillité au pied des voies…mise à part un passage éclair de SOS méthodes, Monsieur JMC, histoire de se convaincre du faible degrés de grimpabilité et surtout de nous rappeler qu’il ne servait à rien de s’obstiner dans le pas de bloc du départ de Hamac,7c+ sans le pied gauche placé exactement comme il me l’avait indiqué.Il avait encore une fois raison, même si je n'en reviens toujours pas d'avoir atteint cette satanée prise…sous le regard d'un Martin médusé…
3 jours plus tard, les caprices des cieux avaient enclenché une sorte de sèche cheveux géant, un vent du sud nous faisant gagner plus de de 10°. De quoi assécher la moindre prise. On se sentit alors subitement moins seul. Jean-Yves se lança sur les traces de Ludo dans Grain de poussière, 7c en tombant pour presque rien et par 2 fois dans le crux médian, sur ces 2 seules règles, perdues au milieu d’un immense océan de colos. Cette fois ci, la JMC’s famely daigna sortir son matos pour taper quelques essais toujours dans Octo-dictat, 8a+. L’occasion aussi de rappeler que l’escalade se conjugue bien mieux au féminin. D’ailleurs, mais si on dit UN bourrin ou UN bac, on dit surtout LA grimpe, LA cuvette, UNE voie, UNE règlette, UNE croix, UNE colo…Et ce n’est pas Madame JMC qui dira dans le contraire, en tapant des essais dans Sombre Héros, un long, très long 8b, auquel elle accède non pas par trapèze, le 8a…trop facile…mais plutôt par l’intégrale d’Angel le 8a+ de référence de la falaise. Même notre président était dans le Vercors. On ne pouvait faire autrement que de réaffirmer notre identité nationale et notre amour incommensurable à ses falaises sans qui nous ne serions pas. Ceci explique la foule rassemblée ce dimanche à Tamée coté cool…euh non, Tamée coté court… Plus d'enfants que de grimpeurs, une bonne dizaine de minots mais sans compter Schnappi. A peine remis de son humiliation au pan gullich par le sexe faible, il fut encore agacé par l’aisance de Madame JMC sur des prises si petites qu’elle seule ne peut les utiliser dans le 8a+ de Laisse béton. Bien remonté, il s’élança dans une véritable démonstration de force, broyant plus qu’il n’en faut chacune des prises, réalisant tous les mouv dynamiques de Cocaïne blues, incotable selon certaines mauvaises langues mais 8a+ sur le papier, en stat. Lol étala toute sa culture musicale en enchainant le 8a Alligator 324 ?, 272 ? 333 ? à moins que ce ne soit 427…y’a pas idée de trouver des noms si compliqués…Quant à Martin, il priva sa progéniture des joies d’un gouter chez mémé pour voir si les pas de bloc de ce coté ci du vercors lui conviendraient mieux que celui de Hamac….
Et l’identité Lacuvette dans tout ça ? Il paraîtrait que la jeune génération, même après une belle croix dans Smoke le 8c (8b+ selon l’intéressé) de Pierrot Beach, aurait été aperçu en flagrant délit de tentative de répétition d’une des bases de la grimpe locale…aux Lames, dans la très belle ligne de je grimpe donc je suis, le seul 8a+ déversant, perdu au milieu de redoutables dalles. Et Xav de me préciser…mais direct dans les points… évidement ajoutait-on coeur…On imaginait alors une certaine provocation, en équipant délibérément une variante, par les bacs de droite en bas et bien à gauche en haut pour prendre le repos…simplement pour le plaisir de contrer des chasseurs de croix peu scrupuleux. Mais bon, je suis rassuré, la tradition se perpétue.
Même si les jours se suivent sans se ressembler, l’esprit des anciens, des premiers découvreurs des lieux est intact…en bon papy vétéran d’anciens conflits, en ce mois du souvenir, je peux donc désormais m’en aller en paix….
Le reste des images >>ici<<

dimanche 8 novembre 2009

Voyage

Voyage… un des nombreux hymnes d’une des plus grandes décennies musicales du siècle dernier. Du temps où l’on osait tout, au second voir au triple degré, sans prétention aucune et surtout sans le moindre complexe…Une coiffure que j’ai longtemps essayé d’imiter, sans succès.
Voyage, c’est aussi la tendance pour ces vacances de la toussaint. Du moins pour ceux dont les études n’en finissent plus de durer ou pour ceux qui ont embrassé avec passion et dévouement une longue et éprouvante carrière dans l’éducation nationale. C’est ainsi que notre Schnappi a du ravaler son égo après son humiliation en règle par deux représentes de la gente féminine sur le pan gullich de la fac. Pour oublier, il s’est offert une brève incartade hors des frontières de Lacuvette, avec la croix dans la séance du 8a de la voie du milieu à la Piare, pourtant réputée comme étant une falaise estivale. De son coté Guigui poursuit sa quête des lignes les plus singulières. Après de longues errances dans l’approche sur les crêtes du Verdon, il parvient enfin à descendre le long de ces fabuleux rails de colos colorés…avant de prendre un immense bonheur à remonter la ligne magique de Tom et Je ris, le 8b+.

De quoi presque rivaliser, le cadre, l’ampleur et l’ambiance en moins, avec la merveille géologique cuvettarde qu’est la mono colo monumentale de Fading light, le 8a à Voreppe. Un peu moins loins, en pays Vertaco, Xav fut aperçu en flagrant délit de récup active dans En guerre et contre tous, un 8b récent de Ludo à Tinadalle. Le lendemain, profitant de la surcompensation il parvint à tordre le cou de l'un de ses projets en répétant le 8c de Smoke, dans l’impressionnant profil du secteur central de Pierrot Beach. Monsieur Tournois, lui, a quitté son trou lotois pour quelques jours pyrénéens. Il y réalisa quelques classiques du vieux secteur de la Tirounière. Ce nom rappellera aux plus anciens d’entres nous, des souvenirs de belles images de colonnes, déjà à la mode à l’époque, sur le papier glacé d’un des premiers numéros du magazine Vertical. La bande des acharnés de la Romanche, ainsi que le grand et regretté Phildar se sont exilés à Bleau, le seul site de bloc au monde capable de rivaliser avec Rioup. Et Martin a prolongé sa lune de miel avec vue sur la mer, en déroulant sur les fameuses stalactites de Kalymnos. Quant à Luca, le cuvettard du Grésivaudan, il est allé tâter de la stalactite aussi grosse, mais en pays niçois…


Puisque l’heure est aux pérégrinations, le noyau dur de LaCuvette s’est laissé aller en délaissant pour quelques temps la rigueur et l’exigence de la vire. Prétexte pour redécouvrir Tinadalle, son horizon dégagé, ce paysage de vacances et sa marche d’approche éprouvante. Ces quelques écarts pour attendre la collante et le temps des projets. De quoi aussi permettre à Sylvain de finir son cycle de préparation physique spécifique personnalisée, à Ludo de battre son record de 22 voies sans repos à Espace Vertical le temps de la pause repas du labo, au doigt de Jean-Yves de se remettre des traumatismes d’une overdose de résine, et à Oliv de faire ses aller retour sur les règles de son tout nouveau pan gullich, incliné à plus de 60°. Le temps aussi pour Yves de tenter, retenter, re-retenter, re-re-retenter et re-re-re-retenter ce fameux Voyage de noces, 7a+ dalleux du secteur…qu’il devrait d’ailleurs de nouveau re-re-re-re-retenter…Et dire que l’inspiration d’un jour pluvieux l’a conduit à tenter d’accéder au secteur des hauts lieux à St Egrève. Un sentier d’approche détruit par un l’éboulement, il y a deux ans. Des voies impratiquées depuis près de 15ans…un choix des plus judicieux…même si ce secteur oublié cache quelques bases de Lacuvette comme ce dévers coupé au couteau, aux faux airs de Cimaï, avec en son centre l’envers du décor, 7c+/7c…enchainé en 1983 par un certain Le Glaude, du temps ou le premier 8a venait à peine de voir le jour…
Sylvain prit enfin conscience, il n’est jamais trop tard, de son potentiel en marchant Coulée douce puis Coulée douce directe, respectivement 7a+ et 7b incontournables de la falaise. A moins que ce ne soit l'effet Estelle à l’assurage… A tel point qu’il ne m’entendit même plus l’appeler à venir essayer le 7c forçu de Never Trust, histoire de partager le chantier avec Luca. Ludo, après avoir découpé son gâteau, se sentit bizarrement beaucoup plus fatigué qu’après ses 22 longueurs de résine, en arrivant, au prix d’un beau combat, au relais de Grain de poussière, LE 7c de conti de la falaise. Bruno, chercha les voies les plus longues, celles qui n’en finissent plus et jeta son dévolu sur sang coulé, le 7b+ qui fait suite à Coulée douce et qui termine au somment de la falaise. Le prochain essai devrait être le bon…Forcé de suivre le mouvement, je fus contraint de lutter contre mes aversions, contre ces colonnes autour desquelles il faut se déhancher, ces voies de plus de 5m dans lesquelles il faut respirer, ses coincements de genoux et ses contorsions qui font mal. Je courbai l’échine et mettais du cœur à l’ouvrage dans Never trust, Never trust a Hamac et Coran alternatif, les 3 derniers 7c récemment ouverts par Ludo.Cette falaise populaire fut l’occasion de recroiser une des mémoires de LaCuvette. Une des seules véritables encyclopédies vivantes des crux de toutes les voies cuvettardes, du 3sup au 8c. Accessoirement redac chef, quand il a un peu de temps, d’une feuille de chou qui parle de varappe, notre JMC prouve qu’il serre encore bien les prises, comme dans Octo-Diktat, le 8a+ qui prolonge Trapèze, oeuvre encore de Ludo. Tout ça sous les yeux de sa jeune progéniture, à qui il transmet déjà tout son savoir, sa connaissance du moindre geste de la moindre voie locale. Tandis qui me regardait pendouiller dubitatif au bout de ma corde. Il me fit alors part des méthodes du pas de bloc du départ d’Hamac, 7c+. Une voie qu’il n’avait du faire qu’une fois, et ce, il y a surement plus de 20ans… : une espèce de croisé légèrement descendant suivi du balancier provoqué avec les pieds décalés, censé permettre d’atteindre dans l’élan une règle qui jusqu’alors me semblait complètement hors de porté.
Enfin, et pour varier les styles, on décida avec Sylvain d’aller explorer le secteur grande expérience du Mont Peney , au pays de la voie qui rouste et des cotations tassés qu’est la Savoie. Une sorte de Lolette, dans une baume bien plus large, un poil plus bucolique, et en altitude et aussi idéalement exposée. Malgré le profil, ici, point de colonnette ni de trou…uniquement des plats, des angles et des régles à serrer, en plein toit. Une véritable ode à la force…Que d’efforts pour venir à bout d’un court 7b, Tout l’or du monde, avec des premières phalanges indécemment sollicitées. Que d’agonies pour arriver à serrer l’angle plat et fuyant, qu'il resta ensuite à remonter sans partir en porte, dans le bas de A lez là, un simple 7b+ variée dans lequel je fus bien loin d’être vraiment à l’aise…
Voyage voyage, Ne t'arrêtes pas, Au d'ssus des barbeles, Des cœurs bombardes….Regarde l'océan...Ah mer**, demain je peux pas, le boss m'a collé une réunion de crise dès 8h...