vendredi 17 juillet 2009

Rencontre du 3ème type

Il m’arrive, encore aujourd’hui, de me surprendre le regard perdu dans l’immensité scintillante d’une chaude nuit d’été, scrutant la voute céleste à la recherche d’un mouvement, d’un signe, quelque part dans une des constellations dont le nom à lui seul est déjà un appel à rêver. Entre des Actarus, Cassiopée et autres Orion, je me revoyais avec une corne en carton vissée sur la tête à hurler des fulguropoings et des cornofulgures, à imaginer triompher de tous ces golgoths sortis de l’infini.
Mais c’est quand on s’y attend le moins…Je revenais tranquillement de la plage, mon bob Ricard, ma glacière et mon parasol sous un bras, ma board, ma wax et ma perruque cheveux longs blonds décolorés par le sel de l’autre, que je crus apercevoir, au loin derrière la dune, une silhouette rappelant étrangement les formes d’un musculeux cuvettard. Je m’approchai avec discrétion et curiosité pour surprendre, à plus de 10000 milles lieues d’Espace Comboire, les orteils plein de sable, un Oliv en train d’enchainer une bonne centaine de tractions sur une barre de fortune, à l’ombre des pins. Me voilà rassuré sur les vacances studieuses et appliquées de Lacuvette, entre Oliv et ses séries, Jean-Yves qui s’est offert son Star Wars et ses fameux effets spéciaux pour en faire un 8a, Martin, qui plie vite fait bien fait le balai aquatique, 7c+ de La plage et Lost Higway to hell le joli dièdre technique en 8a de la petite DJ, Sylvain qui selon les sources aurait plus ou moins enchainé une de ses trop nombreuses blacklists, Etat d’arrestation 7b à Espace Comboire, Ludo qui rêve de KGB, the 7c+ d’Espace….et Schnappi qui, en plein cure d’amaigrissement, a tenté de se couper un doigt au couteau pour encore s’alléger de quelques grammes. Pas les doigts Schnappi, ça peut servir pour grimper…et n’écoute pas les mauvaises langues qui auraient rajouté : ‘’mais les couil*** oui. Vu la taille de tes rallonges, c’est sur qu’elles ne te servent à rien !!’’
Quelques jours plus tard, quelque part en pays Lotois où je n’étais venu que pour jouir d’un repos mérité et de quelques gastronomies renommées….Le lieu était étrange, propice à de rencontres insolites. Une sorte de zone 51 perdue sur le Causse aride et désert. Je descendis le long d’une rivière asséchée, creusée de vasques et aux pierres géométriquement polies par des millénaires de ruissellement. Subitement, je tombai sur un cratère immense, une sorte de bouche géante arrachée à ce paysage vallonné et tranquille. Je continuai à explorer l’effondrement, descendant dans l’antre du gouffre, dans une atmosphère lourde et moite, presque équatoriale. Je tombai stupéfait devant une espèce de 7ème continent, une sorte de Jurassik Park lotois sur les rebords duquel je parvins à distinguer quelques spits sur un mur surplombant, assez court et truffé de trous et de colonnes. Je sortis mon attirail et entrepris une montée dans Montezuma, une sorte de star wars local au niveau de la cotation, 8a. C’est là que je les vis accourir, sortant de nulle part. Ils tenaient des propos incohérents et incompréhensibles tels que "vas y cale un genou, tu pourras te refaire en lâchant les mains", "rentre une grosse lolotte et tu arriveras à tenir la pince"… Surpris, et tout de même un peu apeuré, je gardai la tête haute et me risquai simplement à bourinner comme je le fais depuis trop longtemps, bien de face sur la pince, à placer ou plutôt bourrer le pied dans la mousse au dessus de la stalactite, puis à oser le dernier jeté sous la chaine sans les inters mais et avec un parfait "tout qui part en vrac". Je clippai alors proprement la chaine, fier de mon enchainement, espérant m’assurer ainsi de la sympathie de ces aliens locaux, mi pantois, mi terrifiés, comme ils l’auraient été devant une grosse méduse flasque surfant nonchalamment sur la lèvre d’une vague ou devant un escargot scotché sur un feu d’artifice du 14 Juillet. Je me confondis en politesse en tapant plus d’une dizaine d’essais dans un 7c+ voisin, Angkor, jusqu'à parvenir à sidérer cette drôle d’assemblée avec un jeté de talon eb au dessus de la tête suivi des relances dynamiques et désespérées sur des non-prises jusqu’à atteindre le bac final. Mais ce fut en leur apprenant quelques rudiments modernes, comme fabriquer un ersatz de Ray’s telescoperche avec les moyens du bord que je les sentis enfin prêts. Je passai du stade de l’étonnement à celui de la première tentative de communication. Je découvrais alors une galerie d’enragés fanatiques et extravagants. Parmis eux, François, l’FTra-terrestre parmi les extra-terrestres, avec un grand F. Une espèce de mi dieu, mi homme vénéré, craint et respecté de tous. La meute ne comptant que des mâles, j’osai à peine imaginer les supplices qu’il leur inflige lorsqu' il ne torche son 8a quotidien. Heureusement il y eut Ligne de vie, un ex 7c+ aux prises cassées de cet étonnant site sous terrain du Roc de cor, puis Syphose of Fannyce qui porte son compteur à presque 500 voies dans le 8eme degrés, glanées au grès d’une vingtaine d’années de perdition dans les falaises de France et de Navarre.
Mon regard fut irrésistiblement attiré par une autre silhouette, un corps affiné, sculptural, et épilé, répondant au nom de Iaki. Indéniablement le plus fort non octogradiste de l’univers, tant il parvient à serrer des prises que le commun des mortels n’oserait ne serait-ce qu’effleurer. Même dans Ca mord comme l’acier, un nom qui ne veut rien dire pour un astucieux 7a+ d’Autoire, il me dicta des méthodes d’une autre planète, avec des règles que je parvenais à peine à discerner. Une force qui lui permet de jeter…toujours… statique, comme dans le crux de la sublime création divine de FT, L’instrument des puissants, un 7b+ technique du Roc de Cor, un joyau en dalle comme on aimerait en trouver plus souvent
Il y avait Michel, l’érudit quinquagénaire qui grimpe comme il vit, avec générosité, recul et sagesse d’une longue expérience, doublée de second degré et d’un sérieux farceur. Avec plusieurs 8 à son actif, arrivé à la grimpe surement par hasard et curiosité, il me conforte dans l’idée qu’il faudra botter le c** de nos cuvettards quinquas et plus, Bruno et Yves, pour en faire autant !! Derrière lui, Cyril l’accompagnait, une force tranquille lancée à ses trousses, buvant ses paroles et ses méthodes pour tenter de faire aussi bien et d’enchainer le très forçu et à bidouilles, Révélation Tranquille 8a. L’avant dernier de la tribu, JP, me rappela un certain Raymond, non pas pour son génie créatif, à l’origine de la Ray’s telescoperche, mais parce que lui aussi, était déjà là il y a 50 ans. Et qu’on aurait aujourd’hui, du mal à refaire certains 5sup de l’époque !!
Enfin, discret, caché derrière les autres, il y avait Clément, en pleine force de l’âge. Je sentis en lui le potentiel futur mâle dominant, encore tapis dans l’ombre du maître FT et décortiquant toutes les méthodes du très esthétique Syphose, 8a intense et visiblement très rési. Fort de cette rencontre, je récupérai quelques images, pour témoigner au reste du monde de l’existence de cette faune singulière
A toute cette tribu mal dégrossie, touchante et attachante, merci encore d’avoir bien voulu ouvrir votre caverne, aux antidotes de la grimpe urbaine, bruyante, viciée et hostile de Lacuvette. Laissez la porte ouverte…car je poursuivrai mes explorations dès début Aout prochain !!
Je commence à douter, comme si la grimpe était plutôt une histoire de rencontre, de partage…bah non, impossible. Pour bien penser, il faut n’aimer personne. Avant les emmerdes, Dieu était seul… et puis c’est vrai moi, j’aime pas les gens…

jeudi 2 juillet 2009

L'opportuniste

Il y a toujours un bon coté. Alors qu’il y en a qui conteste, qui revendique et qui proteste, moi je ne fais qu'un seul geste, je retourne ma veste…toujours du bon côté.
Alors que le week-end aurait pu se résumer à jouer la nounou, Martin eut la brillante idée de choisir la Pierre Chambertin pour faire office de garderie. Il est vrai que l’ampleur des lignes n’a guère convaincu Bruno et Yves. Même si après coup, ils peuvent regretter leur courageuse initiative dans le mur jaune redoutable et complexe de Diamant Cutter, le 7a+ d’un secteur excentré de Crossey 3. Dans le même temps Martin, lui empilait les croix à commencer par Star Wars, the 8a of the PCB, voir de Lacuvette tant il est décrié, tout en attirant les convoitises de nombre d’aspirants octogradistes. Puisque Kaiko est aussi dans ta besace, il ne te manque plus que Sale lierre dur aux Saillants pour clore la trilogie de prétendus 8a de LaCuvette !! …Vint ensuite le tour de Super Kakou, le 7c de droite qui mérite amplement plus le détour, tout aussi dur, avec de jolies règles qu’il faudra serrer bien fort. La curiosité de cette falaise réside dans ses voies si bien individualisées. En raclant les derniers 7 restants, je me retrouvais à faire les premiers mouvements de la voie de gauche, de terminer avec ceux de celle droite…tout en clippant les points de celle du milieu. A ce petit jeu, je frisais de peu, guère plus de 30cm, mon premier 8b, Hard ligne Jaune, dont je clippais quelques points et serrais plusieurs prises…mais l’éthique des cuvettards de la première heure me rattrapa, j’évitais la fourberie et admettais que je dus plutôt faire Hemingway, le 7b+ à peine plus à gauche…
Puisqu’on parle de week-end en famille, on se retrouva avec GrandLudo et Oliv et les enfants dans le cirque paisible de Flowstone Paradise, la cours de Chaos, à Rioupéroux. L’idée était bien sur d’aller fouler les règles du 7a de référence du secteur, Fight Club. Outre la surprise de retrouver une espèce de revêtement grisâtre surnaturel sur les règles du départ, Ludo se délecta avec bonheur de ces préhensions qui ont toujours eu sa préférence. Mais le jeté final, d’un style beaucoup plus sumo-esque ne se sera pas laissé faire…On finit par se rabattre sur une œuvre qui fit la fierté de notre ouvreur génie visionnaire Phildar, les rivières pourpres, un autre 7a sur un bloc isolé. Quelques montées pour trouver des sensations et caler les pieds puis Ludo nous trouva un petit déhanchement subtil permettant de ramener la main gauche sur une mauvaise pente, laissant juste le temps de jeter sur la prise finale. Un instant de grâce, une démonstration parfaite dans son premier 7a, suivi de la traditionnelle émulation, avec l’enchainement de Rémi et du mien. Et pour finir, la longue traversée de la Marelle nous narguait depuis le début de la séance. Et même si pour les puristes ça n’a plus rien à voir avec du bloc, je m’acharnais à trouver une méthode pour le crux final, puisais dans mes ressources de lactacte refoulé et parvenais à réaliser l’intégrale, soit, moi aussi, mon premier 7a+ !!
Grisé par la réussite et alors que mon boss fêtait son départ en vacances, ainsi que son départ tout court, je profitais de mon dernier jour dans Lacuvette pour discrètement m’éclipser et retourner à Rioup, secteur de la plaque commémorative. Un bloc un peu haut, encore des règles à serrer, quelques jetés plus tard, et une bonne frayeur à la clé, tout seul bien au dessus de mon crash que j’aurais eu du mal à viser en cas de chute, je sortis la belle ligne de gauche, juste avant le pilier, qui devrait surement flirter elle aussi avec les 7a/7a+ !!
Alors que Sylvain refusait bizarrement toutes ces opportunités, même celle de mardi dernier au Glésy, nous eûmes, avec Oliv, le plaisir de croiser le maître des lieux, Luca, accompagné de l’autre Phoenix de Planete Bloc, Nico… Au volant d’une jolie camionnette décorée d’un grand M jaune sur fond rouge, les mains encore toutes grasses de frittes. Maintenant astreint à des horaires normaux tel un cuvettard pressé, il nous fit étalage de son style et de sa marge dans Les croisades, sympathique 7b+ d’echauff…n’est pas Oliv ??... puis au 2eme essai, quand même, dans Lolet it 7c, après la démo du sumo et de sa méthode du jeté désespéré et de la reculée d’anthologie… avant de faire preuve de tact en évitant de torcher flash l’ex 8a un peu bloc, Stall Act It. Ex, car sinon… jamais Luca n’aurait eut la moindre chance de l’enchainer !! C’est vrai qu’avec ses méthodes bizarres, comme ce talon au dessus des oreilles dans Lolet it be, on est en droit de se poser des questions…
En période austère, entre chômage technique et spectre de chaos économique, rien de tel que la perspective des vacances…Juste le temps de régler son compte au Palais de justice, le 7c majeur des Ecouges, avant de coincer discrètement entre les bouées, le body board et les serviettes, mon baudard et mes eb, et nous voilà partis sur les routes….qui devraient, comme par enchantement, passer par Autoire et croiser les heros d’une prochaine super production escaladistique, Iaki le terrible et FT l'eftra-terrestre…