jeudi 25 février 2010

La rançon

La rançon du succès, chantaient-ils tous en cœur en sautillant dans tous les sens. Des excités de la vie qui ont inspiré les ouvertures du temps de la grande époque de la vire.

Mano Negra - La Rançon Du Succès
Quand on sait qu’encore à aujourd’hui, l’un de leur géniteur apparait toujours en précurseur, explorant des pistes que le commun des mortels évitait jusqu’alors d’emprunter…on ne peut que se réjouir qu’il ait laissé trace de sa folie extraordinaire en pays LaCuvette…
Il eut suffit de parler d’un mono pour susciter toutes ces convoitises. A commencer avec Ludo et Sylvain à Voreppe, lors de la dernière vague de collante.

Ils suivaient à la trace un sumo traqueur de monos, pris en flagrant délit de première dans l’intégrale de Fade to black, une longue errance parfaitement verticale de 35m fleurant bon le 7c/7c+. Comme d’habitude, charge aux répétiteurs d’accessoirement confirmer, mais aussi et plus sérieusement, de participer durablement au nettoyage. Ceux qui casseront des prises sauront qu’ils n’ont pas pris celles utilisées jusqu’à présent. Ils auront aussi le doux privilège de gouter à ce rocher si pur, si brut et entièrement non dépicoté : la douleur faisant partie du caractère de la ligne. 35m de combat en dalle avec un second crux dans la 2eme partie comptant pas moins de 3 monos d’affilé, dont un dernier qu’il faut réarmer solidement pour contrôler la reculée du petit jeté qui le précède. Un morceau de bravoure, qui malgré les 5 premiers mètres en rocher amovible…mais si méticuleusement purgés…s’avère être une merveilleuse succession de gouttes tranchantes et de trous, jusqu’à rejoindre la fin de la traversée de Down by Law, un 7c déjà bien technique et gazeux méritant à lui seul le détour. Les majeurs de Sylvain se sont laissés désirer puisqu’ils se contentèrent piètrement de croquer, alors que ce n’est plus la saison, la carotte un 7a+, presque disparu sous la végétation. Entre deux mouvements aléatoires en dalle, Sylvain s’est laissé aller à un art dans lequel Schnappi est passé maître…Quant aux doigts de Ludo, ils n’ont eu le temps que de se déchiqueter sur la dernière prise de P’tit rond, à l’échauff, avec un petit steak de chochotte compromettant toute tentative de première répétition…
Assumant son succès international, LaCuvette, ne fut guère surprise de voir les très à la mode falaises ibériques s’emparer du phénomène et inonder à leur tour le web de leurs monos et de leurs clippages no foot. Le fin connaisseur regrettera le coté trop dévers, mettant en exergue le coté bestial, primaire de la ligne et le coté mono bac qui fait que ça a vraiment l’air rando. Mais il appréciera l’effort si bien accompagné de ces râles après les cris (private joke for FT !!) avec une bande son qu’il aurait préférée un poil plus violente.

IKER POU - DEMENCIA SENIL 9a+ (Margalef) from jordi canyigueral on Vimeo.


Il y a même une célébrissime salle d’escalade, une des premières de France et bien entendu issue du microcosme cuvettard qui voudrait devenir l’énième milliardième des amis inconnus facebookiens de LaCuvette. Cuvettard, terme qui serait en passe de rentrer dans le langage commun comme en témoigne la rubrique de l’inénarrable Foué, dans le seul et unique mag de grimpe que nous retient plusieurs heures durant assis sur le trône. Et lorsque notre cher JMC joue la nostalgie en parlant de falaises intemporelles, exceptionnelles et rares telles que Buoux, j’ai tout de suite senti que sa plume aurait put facilement déraper et se mettre à disserter sur Espace Comboire…mais il n’y des plaisirs qui ne se partagent pas !!! C’est surement en pensant au poulpe, à envoyez les violons ou à délit d’initié que sur la légende d’une photo, il indique que No man’s land, 7b+…que de changements…dire que mon souvenir reste fixé sur un rude 7a+ avec le charme désuet de vieilles sangles ornant les lunules de la traversée, malheureusement aujourd’hui remplacées…
Espace Comboire donc… La vire du haut n’eut point le temps de se détendre ce we avec un siting de certains membres de LaCuvette. A commencer avec Sylvain pour qui les Rêves de pichs, 7b seraient presque en train de tourner au cauchemar…

Rêves, qu’Oliv, dopé aux suspensions lestées sur sa poutre LaCuvette, faillit pratiquement flasher à l’échauffement. Bruno préféra un long voyage introspectif en se rappelant au doux souvenir d’un être cher, 7b. Une longue dalle astucieuse et variée qui connut vraisemblablement ici sa première répétition. Un joli combat douteux dans le premier crux en rocher gris, puis un grand moment de solitude dans le superbe caillou du haut pour arriver à s’étendre dans les grands mouvements finaux. Jean-Yves entreprit le chantier magique d’en attendant Ludo, le première voie du tryptique obligé des trois 7b+ du bout de la vire avec le très rési No prayer for the dying (from Schnappy)et le surprenant Mezzo forte, objet d’éloges cuvettiennes la semaine dernière. Un prétexte tout trouver pour trainer moi aussi sur la vire et décrocher une autre première en faisant le Trouduc. Un arc de cercle débonnaire et variante de variante de Trou de balle, 7b/b+ (avis aux amateurs…), de la même trempe redoutable que NSA, 7c/c+, traversée ultra rési du secteur KGB. Une sorte de création FTienne au delà de logique et de la rationalité, faite des mouvements et des préhensions à vivre encore une fois, avec ses tripes…

samedi 13 février 2010

Pur

Toujours pur, comme je le rétorque systématiquement au malheureux qui s’est mis en tête de vouloir noyer mon Ricard, à l’heure de l’apéro. Pourquoi donc vouloir gâcher ce petit moment de bonheur, tranquille sous l’auvent de la caravane garée en vrac sur le front de mer, face à la mer bleu caraïbe d’Agde ? Ah… cette chaleur estivale qui viendrait presque à nous manquer lorsqu’on dut, une nouvelle fois encore, affronter le blizzard canadien de ce samedi matin, sur la vire d’Espace Comboire.
Et pourtant, pour rien au monde, nous n’aurions échangé notre place contre celle d’un de ces nombreux pure riders justement. Ils se sont agglutinés en contrebas, toute la matinée, jusqu’à complètement s’immobiliser, si loin encore des stations tant convoitées. Pourquoi donc aller chercher l’or blanc là bas, alors que déjà ici on ne sait plus quoi en faire. A ce propos, je ne compte plus le nombre de conversations que je surprends à la machine à café, tournant autour de snow, de poudre, de freeride, de tricks…Sensation étrange que de se sentir entouré de tout ces champions du monde, au top de leur forme, de la technologie et des fringues dont je n’arrive toujours pas à justifier le prix si exorbitant.
Bref, nous savourions le bonheur de nous moquer de cette masse que nous dominions. Alors que Ludo et Sylvain s’acharnaient sur un nouveau projet, mon esprit divaguait, complètement embrumé, comme notre vallée de LaCuvette. Elle s’appelait Corinne. Elle avait une ligne parfaite, grande et élancée, aux formes discrètes et fines. Avec douceur elle m’apprit à me servir de mes mains, de mes doigts et de mon majeur en particulier. De nombreuse fois, je m’en servis pour l’effleurer, la caresser, jusqu’à glisser délicatement en elle. A près avoir obtenu ses faveurs, ce fut au tour de ses chaleurs. Les chaleurs de Corinne….mon tout premier 7a à St-Egreve (merci Ludo pour la photo).Un crux en dalle, sur 2 monos une phalange, sur lesquels il faut bien tirer. Ce jour là, je compris que le mono était par définition la préhension ultime de l’escalade, la seule vraiment pour qui l’on continuer toujours à grimper. C’est ainsi que je le découvris dans sa version "vissée", dans Poison d’avril, mon premier 7b, juste à droite puis dans sa version cupule, dans le départ de Bouchon net, l’autre 7b du même mur. Quelques années plus tard, ce fut le premier mono strappé, le doigt littéralement coincé, dans un des nombreux trous de La Jacquinou, sur la blanche falaise de La Roque. Une voie qui rappellera surement plein de bons souvenirs à Lol, qui dut déjà, à l’époque, me devancer dans l’enchainement de ce qui fut mon tout premier 7c.
Le caillou et les voies d’Espace Comboire sont les plus purs de la planète grimpe, nous le savions déjà. Comme pour se le prouver encore un fois, je cherchais toujours la prise parfaite. J’étais passé des milliers de fois devant, lors de mes allers et venus sur la vire. Jamais je n’y avais prêté attention. Et puis, un jour d’hiver, une fine stalactite éveilla ma curiosité. Je vis alors ces 2 petites colos discrètes. Elles semblaient légèrement évasées dans leur partie la plus haute, juste la place pour y glisser les doigts. Après quelques essais, je dus me rendre à l’évidence, c'était un mono. Une fois rentré, une simple une simple flexion du doigt forme un joli petit bourrelet. Le coincement est alors parfait, imprimant à vie la trace du grain du caillou. Un mono verrou encore inédit, un étau permettant d’envoyer un gros mouvement dynamique sur un bac, depuis lequel il faut patiemment extraire le majeur avant un superbe clippage non foot. Un geste nouveau, si pur, si inattendu…pour maintenant le crier haut et fort….Mezzo Forte !! Probable 7b+ sur la vire d’Espace Comboire.

Pure...from LaCuvette from Lacuvette on Vimeo.


Dans un autre registre, LaCuvette étoffe ses rubriques pour livrer au grand jour ses pures méthodes, parfois aussi appelés méthodes du faible. Là ou la ruse et la félonie viennent supplanter la force et l’éthique….Après les très fameux désirs exacerbés 8a du haut, le crux dévoyé du Poulpe glaireux, 7b+ par la droite, le reta du 7b de L’arme à l’œil en claquant l’angle de droite….c’est au tour de C.I.A., 7c+ du secteur KGB de faire les frais des facéties LaCuvette….avec la méthode du genou coincé à droite…merci Lol pour l’astuce, j’ai testé, ça marche !!

Cia 7c+ from Lacuvette on Vimeo.


Les mythes n’ont plus qu’à bien se tenir !!

dimanche 7 février 2010

Préparation

Tout se joue dans la préparation. C’est ce que je matraque régulièrement à mes équipes, les laissant ramer dans ces phases longues et laborieuses, pour n’intervenir qu’en fin de tache et présenter le résultat de ce dur labeur que je ne manque jamais de m’attribuer.
Dès le mercredi Yves se prépare au traditionnel tchat de Lacuvette, en répétant méticuleusement comment se connecter à coups de pseudos délicieux tels que Yvesle1er, Yvesletoutpuissant, Yvesthebestoftheworld, ou encore Yveslegrand….Mais avec ses messages, du type ‘’Allo, Allo est-ce que vous me recevez ?’’, il finit toujours pas se faire démasquer. Mais retenons plutôt que l’effort est louable, surtout quand on sait que la télé couleur est plus jeune que lui ou encore, que pour lui, le téléphone aura toujours la même forme qu’un gros pommeau de douche, mais avec 2 sorties…
Il n’y a donc pas de raison valable à ce qu’il en soit autrement pour la grimpe. Il suffit d’observer Bruno qui sort son vélo tous les jours et par tout temps. Je suis d’ailleurs persuadé qu’il ne s’agit que de la face cachée de l’iceberg. Chaque nuit, il doit se lever pour au moins une bonne heure de pédalage sur son vélo d’appartement, en regardant les rétrospectives des plus beaux moments des 100ans du tour de France. En plus de travailler sa conti, il pousse le vice à sortir le matin, en simple marcel, sans gant, mais avec son bonnet, pour travailler sa résistance au froid. Ceci explique sa capacité hors norme à grimper torse nu le samedi matin, sous la neige, tandis que nous autres nous tordons de douleur, terrassés par l’effet d’une onglée permanente. Ce samedi, on l’a même surpris au reveil, après son bivouac au pied de Comboire.

Tout ça pour le plaisir d’aligner quelques petits mouvements dans Vieil Arsenil, un ersatz de 6c, qui ne restera surement pas très longtemps dans sa mémoire…comme l’intégralité de ce secteur des toits d’ailleurs, pourtant si justement encensé sur un célèbre portail grimpe il y a peu.Sylvain lui, vient d’investir dans un engin que certains initiés appellent "poutre". Installée au beau milieu de son salon, elle est surement du plus bel effet. Elle doit ravir madame, avec une touche de raffinement aussi élégante qu’inédite. Mais que ne ferait-il pas pour pouvoir donner son petit Coup de rein, 7b à Comboire.

Comboire from Lacuvette on Vimeo.


Dans l’élan il aurait pu se laisser dévorer par les Lèvres de feu, l’autre 7b mythique du secteur, s’il n’avait pas été si hésitant. Jean-Yves lui, s'entraîne aux plus incroyables des acrobaties pour pouvoir se saisir d'une perche et ainsi se sortir de n'importe quelle situation désespérée. Puisque l’on parle préparation, sujet de rigueur, LaCuvette s’est enfin décidée à livrer quelques unes des ses méthodes infaillibles pour préparer un printemps qu’on espère tous moins pluvieux, moins gris, moins humide et pourquoi pas moins froid. Ce ne sont que de simples exercices, élaborés et surtout testés par le célébrissime Oliv "Schwarzen" Maier.

The crimp.se warm up for bouldering from crimp.se on Vimeo.


Mais les premiers résultats sont vite visibles. Après 3 semaines de suspensions, il paraitrait que son enchainement de Bouze Maker, 7c de Voreppe, lesté avec 20kg au baudrier, ne serait plus qu’une simple question d’essais…La faute à ce mois de Janvier exécrable, à ces falaises dévastées…la tension monte, les esprits deviennent de plus en plus incontrôlables… Ludo, après d’âpres négociations avec son patron, à pu installer incognito un Pan Gullich dans un des labos de l’ILL….surement pour ses vertus quantiques. De l’autre coté de la ville, un individu louche, se livrerait presque quotidiennement à quelques pratiques douteuses sur le parcours santé de la Frange Verte.

Espérons que la météo de samedi prochain soit plus clémente. Sinon, LaCuvette ne pourra plus répondre de rien !