lundi 26 avril 2010

Débandade

Position d’équilibre instable…J’ai toujours admiré ce concept, digne d’un esprit supérieur des plus tordus. Une invraisemblance qui n’aurait jamais dû exister. Un savant mélange de tout et de son contraire. Un bref instant où tout semble soudainement possible, malgré des milliers de tentatives infructueuses jusqu’alors. Juste de quoi suffire à lâcher une main et réussir ce mouvement improbable….
Mais à la moindre perturbation, l’équilibre finit par disparaitre. Des années de travail et de persévérance finalement si fragiles. Il aura suffit de seulement quelques malheureux jours passés à me ressourcer en pays FT. Pendant que je me nourrissais de sa sagesse et de son énergie, voilà que mes cuvettards essuyaient d’insidieuses attaques à leur frêle équilibre. Le ver était dans le fruit, je l’avais pourtant senti. Sous les traits avenants d’un grand-père grisonnant et charmeur. Mais j’avais sous-estimé le pouvoir démultiplicateur du skieur frustré qui doit accepter la dure réalité du printemps, de la fonte des neiges et des falaises qui reprennent leur juste place. Yves avait donc réussi à en détourner plusieurs du droit chemin, leur faisant miroiter des trésors du coté de St Pancrasse. 2 semaines passées là haut, pour un bilan remarquable et riche en couleurs. Bertrand qui fait la seule dalle de l’univers faisant passer Mouries pour de la randonnée pédestre, Power 7a+. Bruno qui fait l’interminable mur de conti que le monde entier nous envie, crux tassé 7b+, 3m de haut à tout casser. Jean-Yves qui fait la ligne d’ampleur qui n’a rien à envier à Biographie, Duck dix 7b. Sylvain qui ne fait…. rien…Yves qui fait de même, mais après travail...rien aussi…Roulement de tambours et tonnerre d’applaudissements !!!!!
Schnappi et Lol en restent encore dubitatifs !

Ils sont même montés sur place, pour constater le carnage de leurs propres yeux. Martin en profite pour croiter Allée lumière, le 7c du Bastion qui méritent bien ses baffes, tandis que les deux autres se sont essayés à Autopsie, qui apparemment pourrait se faire sans la prise taillée, pour une cote passant de 7c+ à 8a.Certes St Pan regorge de quelques lignes dans lesquelles le cuvettard se doit de faire ses armes...mais seulement, lorsqu’il fait ses premiers pas, quand il sort de jupes de sa maman et s’aventure sur une autre falaise que sa chaise haute. Sinon, autant garder ces voies pour y emmener nos futurs petits enfants, lorsqu’ils nous sortiront du sanatorium tout proche de St Hilaire.
A la rigueur, quand on habite à coté, on comprend que comme Foué et Luca on profite de coup de téléphone de madame à ses copines pour s’éclipser et réaliser rapidement Pump up…the jam et Chasseur de prises pour le premier ou encore Pump up…the jam et le fou des échecs pour le second…toutes 7c. A la rigueur s'il avait été question, en cette période, d'une autre bonne raison à aller emprunter ce long chemin d’approche…
Même GrandLudo s’est trouvé dégénéré par ses 2 dernières semaines. Malgré Chasseur de prises, pliée juste avant lui à la manière des filles qui serrent des non prises par Estelle, Allée lumière et Crux tassé, toutes les 3 quasiment flash, le voilà complètement occis et vidé après un seul unique et misérable petit essai ce samedi dans le 7c de nulle part et ailleurs à Espace Comboire !Ceux qui n’ont pas croqué la pomme ne le regrettent pas. Martin réussit coups sur coups, A titre costume et KGB le deux premiers 7c+ du triptyque du secteur du bas à Espace Comboire, avant de faire son second 8a sur la vire, avec le Baiser bleu. Schnappi plie Dégénération et les Négresses vertes, deux 7c+ complètement différents aux Saillants du gua, puis Ruptur 8a, dans la séance, au Glésy. De quoi suffisant s’affuter pour aller se frotter à l’une des futures bases en 7c+ de LaCuvette, le blaireau tiqua à Comboire 2….de là à dire que la cotation qui fait fureur, la seul en droit de réellement exister serait le 7c+...
Oliv qui ne cède pas à la facilité, s’en est allé à Tinadalle faire du 6a+ à vue et travailler sa pose de pied dans Tarzan, un 7c+ dalleux et exigeant. Ensuite il a voulu tester sa rési sur un pan naturel aussi dévers que celui de son garage, au secteur Roger Cageot de St Egrève. Le 8a d’Easy lady serait-il un de ses futurs projets ? Enfin, notre ex PBMaster a ressorti ses quechuas et son baudrier pour Espace Comboire. Un hôte de marque pour m’accompagner dans ma croisade sur la plus belle falaise du monde. Après l’intégrale du secteur du bas, c’est au tour du secteur extrême gauche, avec en prime, surement le privilège de la première de l’intégrale du secteur (…mais c’est facile quand on rajoute des nouvelles voies à sa convenance…) !! Il ne restait que cette dalle dans laquelle j’avais pourtant renoncé à poser des points, incapable de trouver la moindre prise. Et puis, en visionnaire inspiré c’est Schnappi qui s’y attela et Quentin Toufic qui fit le déplacement pour la FA de ce qui fait partie des plus belles dalles de LaCuvette. Une section bien bloc en bas et surtout une suite redoutablement rési qui renoue avec le style exigeant, contraignant voir presque douloureux pour les doigts qui n’en finissent plus d’arquer. Un petit air des dalles des Lames pour cette Nanouchka, sublime 8a, qui a même donner envie à Nico d’aller s’acheter de vrais chaussons !
Et pour ne pas débander du style, imaginez un petit ventre gris, quasiment ablonesque, avec comme petite touche LaCuvette la nationale 30m au dessous. Un rocher tout neuf, des pseudos cannelures agressives, avec une légère poussière post fonte des neige...pour de belles lignes bien à doigt et bien techniques, que Michel eu la gentillesse de me faire découvrir. Quelques morceaux de choix dans un secteur oublié de Crossey 1 avec Pims Tintin, 7a, le retour 7a+, le très beau 7b de l’Os et Scaphoide 7c.
Et dire qu’il y en a qui après St Pan sont allée débander à la Goulandière ce samedi
Mais heureusement, demain sera un autre jour…

mardi 13 avril 2010

Mythe ou réalité

Cela faisait près d’une demi-heure que j’avais quitté la nationale 20 pour m’embarquer sur une route des plus sinueuses. Je n’avais pas croisé âme qui vive depuis. Ce qui en soit fut plutôt une chance, car l’étroitesse de la route aurait rendu la manœuvre périlleuse. J’étais sûr d’être sur la bonne route, puisque de toute manière, il n’y en avait pas d’autre. Simplement quelques vieux sentiers caillouteux mal entretenus et parfaitement impraticables pour tout véhicule de notre siècle. Sur ma gauche, une interminable forêt de petits chênes encore tout groguis suite à un hiver rigoureux. Sur ma droite exactement la même chose. Derrière moi un vallon caillouteux, un peu comme celui que je voyais maintenant poindre au loin, droit devant moi. Sur le siège passager j’avais sorti la carte IGN du coin ainsi que le coupon d’invitation et le pass VIP reçus quelques semaines auparavant.
Ce devait être la rançon du succès, mais ça ne m’empêcha pas d’être surpris à l’ouverture de l’enveloppe. Et puis en y réfléchissant, pourquoi ne partager quelques unes de mes expériences. "Cher Monsieur, comme chaque année nous organisons un sommet international sur la place du Sumo dans le monde. Cette année une des thématiques tentera de répondre à une question essentielle : le sumo peut-il être un grimpeur comme les autres ?....". Je passe les autres détails et les formules de politesse. Ma curiosité malsaine et mon attirance déviante pour tout ce qui semble incongru m’avait poussé à accepter.
Bref, je roulais un direction du lieu dit Moulin de Cougnaguet. J’avais pris soin de faire quelques recherches sur le net pour en savoir plus sur cette dénomination si poétique. Mais je voyais déjà ce qui avait poussé les organisateurs. Une subtile petite pique comme pour dire que grimpe pour aussi rimer avec culture, histoire ou art, et pas uniquement avec décharge, zone commerciale ou autoroute périurbaine. Je sentis un frisson me parcourir le dos, ils semblaient savoir comment toucher une de mes cordes sensibles. Mon esprit souriait à l’idée de relever un tel défi. J’appuyai sur l’accélérateur et finis par arriver au lieu dit. Pas de surprise, il était tel que je l’imaginais. Un parking minuscule au milieu de nulle part, un cadre digne des plus beaux épisodes de la petite maison dans la prairie, une falaise à portée de main, et à peine à plus de 50m de la voiture, un caillou tout neuf avec des plaquettes dorées, scintillantes au soleil. Malgré l’accueil dépourvu d’hôtesses court vêtu, je trouvai rapidement ma loge. J’avais amené mon plus beau ruban pour nouer mes cheveux. Je confectionnai un superbe chignon et enfilai mon plus beau mawhisi, porté par des générations de sumos et hérité de mon père, qui lui-même l’avait hérité de son père, qui lui aussi l’avait…en résumé le string de toute une lignée d’hommes, remontant jusqu’à des temps immémoriaux.
Orné de mon plus bel apparat, je suivais l’ordre des ateliers, prêt à intervenir et surtout à faire démonstration des aptitudes insoupçonnées du Sumo dans ce monde qui lui est pourtant si hostile. La première table ronde posait la question récurrente : le sumo est-il un être doté d’intelligence ?. En guise de démonstration on m’avait préparé une dalle grise d’une trentaine de mètres, nommée Le tueur tournesol. Un rocher parfaitement compact, truffés de trous tous plus mauvais les uns que les autres. Un profil non sans rappeler certains murs des Lames, ce que personne n’avait du savoir ici. Je partais donc confiant, encouragé par des assureurs aux paroles rassurantes. "Ouais tu peux la faire, mais que si ca te fait rien de la rater à vue", "Euh, fais gaffe, les points sont mis n’importe comment, la voie passe jamais dans l’axe", "en plus, c’est jamais fait, tu verras aucune trace de cake ni de gomme" et enfin "fais la manip en haut, j’irai pas récupérer les paires, j’ai jamais réussi à enchainer ce p*t*in de 7a+". En pleine connaissance de cause, je parvins au crux, prenant soi de repérer 3 maigres prises de pied qu’il serait aisé de charger, vu la puissance de mes cuisses surdimensionnées. Avec un peu de chance, je travaillai quelques non prises alvéolées en inverse, pour parvenir au bac final et clipper la chaine. J’attendis un silence atteindre la foule, prenant subitement conscience de l’irrationalité de leur vision.
Fort de ce premier succès, je rejoignis le second thème : le sumo peut-il tenir des croutes ? Avant de commencer, j’avais envie de rajouter "et de les bloquer au genou avant de jeter sur le bac suivant", mais je me retins, de peur de vexer les organisateurs. Cette fois ci se dressait devant moi une petite baume déversante, plutôt pauvre en prises, suivie d’une dalle fissurée qui, je le savais ne serait qu’une histoire de placements, comme j’en avait déjà fait des milliers. Sniper 7c, un nom à se faire descendre au premier pas de bloc violent, et très à doigts. Quelques mauvaises règles pour atteindre 2 mauvais bi verticaux. Mes gros doigts boudinés les saisir dans l’élan, en tendu, dans la zone la plus renversée de la baume. A la limite de la rupture, j’entamai un rapide montée de pied à l’arrach, et jetai sur une rampe verticale. 2 gros talons plus tard, pour parvenir à faire les derniers gros blocages, j’avais atteint le repos. Ne restait plus que la dalle du haut, qui s’avéra aussi technique que prévue…Le sourire aux lèvres, j’étais miraculeusement parvenu au relais, sous les yeux ébahis de la foule. Je fermai les yeux, comme pour secrètement remercier Oliv et sa méthode d'entrainement révolutionnaire... Et à vue s’il vous plait, un vrai à vue, avec plein de petits points blancs préalablement placés sur les prises clés par un Mimichouchou dévoué, qui en plus de m’avoir laissé ses paires en place m’indiquait les pièges à éviter. Continuant sur cette lancée, il fallait maintenant montrer que le sumo pouvait aussi faire preuve de ruse. Qu’il était capable de capacités d’adaptation face aux situations les plus inattendues. Ca commenca avec le nom, aro snavi rutabaga. Je n’y comprenais strictement déjà rien. Quel sens pouvait donner un équipeur au nom de sa voie ? Je m’étais toujours posé la question, trouvant qu’il serait tellement plus simple d’utiliser des numéros.L’incompréhension s’amplifia, lorsque je découvris la ligne. Un départ dans une voie, une traversée quasiment à l’horizontale sur une vague rampe et une sortie dans une autre voie. Un profil quasiment inconnu, puisqu’en pays LaCuvette, cette pratique est strictement bannie depuis des lustres. Chaque ligne respectant ses congénères sans jamais en emprunter la moindre prise, laissant ainsi des œuvres originales intactes, que l’on pourra transmettre aux générations futures. Enfin, l’inconfortable perspective de piquer une FA en pays FT, rajoutait de quoi dupliquer mes facultés mentales et physiques. Alors que les mauvaises langues auraient rajoutées que 10 fois zéro, c’est toujours égal à zéro, j’étais déjà aux prises avec la rampe…quelques mouvements presque en redescente, une espèce d’esthétique reptation sans les mains au niveau du reta, un tatonnement à l’aveugle pour trouver le dernier bac caché derrière la rampe et me voilà fièrement au relais. Questionné par les spectateurs conquis, j’annoncai "p’être 7b" ce qui ne tarda pas à être confirmer par FT justement, et son fidèle ami Mimichouchou.
J’aurai du m’en douter, mais ca ne pouvait pas durer indéfiniment. Un des prochains thèmes aller finir par m’être fatal. Eclats multiples, 7b+ court, avec ces espèces de tris mal finis au perfo, de ceux typiques d’une salle de résine, avec lesquels il faut fermer le bras. Un de mes points les plus faibles. Le sumo n’a pas de force, c’est bien connu, depuis la nuit des temps. Je m’engageai de le crux, juste sous le relais, après plusieurs reculées en jetant sur les prises, la dernière allait signer le glas…incapable de lâcher une main pour clipper, je tentai un dernier jeté sur le trou, mais je ratai la préhension en semi verticale. Piégé par le profil surplombant, je n’eus pas le temps de réarmer. Et tout le poid de mon corps m’entraina irrésistiblement vers l’arrière. J’eus juste le temps de saluer la foule avant de choir au bout de ma corde. Le succès du premier essai, dans la foulée, suffit à briser la légende d’invincibilité, laissant transparaître ces plus terribles faiblesses ancestrales.
Le summum allait finir par arriver. En fin de séance, on m’obligea à me plier au supplice de la rési, dans la mort du nombre, un 7c étalon…Mon coté maso ne me fit pas courber l’échine. Plein d’espoir je me lançai dans la section finale. 15 mouvements, avec un crux tout en haut. Des mauvaises règles, des pieds inexistants pour amplifier la douleur et l’impossibilité totale de lâcher une main pour clipper ou pour souffler…Malgré tous mes efforts, j’explosai en vol, au 12eme mouvements, incapable de serrer la dernière règle…
La démonstration fut sans contestation possible. Le sumo n’en demeure finalement qu’un homme comme les autres, avec ses forces et surtout ses faiblesses. La vie lui semble possible, même dans un milieu aussi hostile que celui des humains. Il peut parfaitement s'adapter et feindre les mêmes sentiments, prendre les mêmes habitudes. C’est sur ce constat édifiant qu’une des plus grandes sommités locales, une élite de la société des érudits brivistes, au même titre que Patrick Sebastien, Mimichouchou me remit l’une des plus hautes distinctions internationales, le 1er prix sumo toutes catégories Sumo.Il ne me restait plus qu’à prendre congés de mes hotes, en particuliers du serviable et toujours très attentionné FT, aux initiatives toujours les plus inattendues et à l'infatiguable boulimie d'équipement de voies nouvelles. Je m'en retourne maintenant en pays LaCuvette tenter de convaincre que là bas aussi, le sumo peut avoir une place…

samedi 3 avril 2010

Une page

...se tourne. Le livre se referme. Le rideau est tombé. La coupe est pleine. La boucle est bouclée. Et mon verre est vide !
Nous profitions d’une courte fenêtre météo avec Oliv pour un énième pèlerinage sur la vire du secteur KGB à Espace Comboire. Près de 9 ans plus tôt, nous étions déjà là. Il n’y a pas de hasard, et les coïncidences ne sont finalement jamais si étranges. Déjà à l’époque, nous devions jongler avec les caprices des giboulées. Sous une averse de neige, j’allais connaitre un de mes premiers émois sur la vire, la confirmation d’une histoire d’amour avec cette falaise, et aussi avec Oliv… qui me supportait déjà, et réciproquement. KGB, un nom qui résonnait et résonne toujours comme une base de LaCuvette. Malgré mon jeune âge et ma croissance à peine terminée, j’étais déjà marqué du seau du rusé cuvettard. Mon manque de force naturel, m’avait contraint à ne pas utiliser la mauvaise pince grise au dessus du point…J’avais trouvé une grosse platasse verticale en remplacement. Mais comme elle m’éloignait trop à gauche, je ne pouvais utiliser la rampe verticale blanche, ni avec la main droite, ni avec ce talon que tous convenait de caler pour jeter sur le bac. Ma méthode consistait à prendre du balan, avec un pied gauche pratiquement à l’horizontal de la main, pour envoyer un gros jump de travers : l’éloge du pur cuvettard, dynamisme et détermination… Ce fut mon tout premier 7c+, avec Oliv aux encouragements. On s’était dit rendez vous dans dix ans. Même jour, même heure même, même pomme. On verra quand on aura 30 ans, si on est devenu des grands hommes…Entre temps Patriiick…euh non Oliv était devenu champion de France de rameur en salle et s’était converti aux méthodes d’entrainement des pires régimes de l’Est, ce qui lui permit de briller dans moult épreuves sportives toutes plus aberrantes les unes que les autres...à commencer par le triathlon d'Embrun.... Après de longues périodes d’égarement, j’avais enfin réussi à le ramener dans le droit chemin. Il y a à peine 1 an, il rechaussait des chaussons. Et en ce jour de mars 2010, nous étions de retour sur la vire. Les colos étaient parfaitement sèches, la température étonnamment idéale. Et comme la chanson nous fêtions tout juste nos 30 ans. Je nouai ma vieille corde, la même depuis 9 ans. Mes vieux eb recousus étaient toujours d’attaque. Je m’élançai sereinement sur ce mur qui a toujours fait partie de ma vie. Quelques mouvements sur une grosse colonne, pour arriver sous le surplomb. Les 2 pieds montés sous les aisselles, je laissai échapper le même grognement qu’Oliv quand je le fouette pour qu’il tracte d’un bras lesté de 10kg sur la plus petite réglette de sa poutre. Dans l’élan je parvins à saisir la lointaine règle sous le point. Une première, puis une deuxième relance main droite, avec un talon avant enquiller la fameuse méthode du faible : le coincement de genou. Un dernier gainage pour ne pas partir en porte, la main gauche sur un gros plat, un dernier mouv dynamique et j’étais sur le bac. Je restais immobile, près d’une minute à intérioriser et savourer ce moment de bonheur intense. J’étais venu à bout de CIA, l’autre 7c+, jouxtant KGB.

Cia 7c+ from Lacuvette on Vimeo.


Je cochai ainsi l’intégralité du secteur du bas, coiffant in extremis et sur le fil toute une horde de cuvettards affamés, Schnappi, Martin et Lol en tête. Pour faire durer le plaisir j’avais bien essayé de rajouter quelques lignes dans les rares coins oubliés par les anciens…Comme la fin d’une époque. La tête ailleurs, j’ôtais mes chaussons. Un signe, je m’aperçu que l’un deux s’était déchiquetés, comme sous le choc trop d’une trop grande émotion. La dégaine du crux avait elle aussi rendu les armes, usée jusqu’à l’âme par toutes ces années de labeur et de bons et loyaux services ici…Il n’y a pas de hasard…En quittant le secteur, je me retournai une dernière fois et versais ma petite larme.
Merci papa et maman sans qui jamais je ne serais né, merci Oliv d’avoir été encore et toujours là, merci Ludo mon motivateur de toujours, merci l’autre Ludo pour toutes ces heures de bartasse pour étancher notre soif de voies nouvelles, merci dieu de LaCuvette pour avoir érigé ici tant de falaises majeures, merci Schnappi de m'avoir appris ce que voulait dire ''bloquer'', merci Yves de ne jamais m’avoir trainé au ski l’hiver, me laissant ainsi me préparer à ce jour J, merci Sylvain d’avoir supporté tant de mauvaise foi t’obligeant à te lever tout l’hiver à 6h du mat, même sous 3m de neige, merci FT de m’avoir fait comprendre que même quand c’est trop dur, c’est quand même torchable, merci Iaki de me rappeler que la grimpe peut parfois être un art, merci la famille JMC, monsieur pour toutes ses méthodes qui m’ont plus d’une fois tiré d’affaire et madame pour cette combativité contagieuse, merci Bruno de m'avoir convaincu que le 7c c’est possible même sans savoir aligner 2 tractions sans que les pieds ne touchent le sol, merci Raymon pour la révélation que fut la perche, merci JY de m’avoir empecher d'arrêter l’escalade durant mes jeunes années de travailleur à Lyon, merci PBMaster de m'avoir démontré que même avec des mythos on peut faire du 8b, merci Luca pour ta classe internationale naturelle qui attire les filles même au pied du mur de l’angoisse, merci Martin de me marteler toujours ''à l’arrach, sinon point de salut'', merci Lol de m’avoir préservé de la lolotte depuis mes premiers pas à La Roque, merci eb pour ces chaussons qu’il va falloir penser à renouveler et surtout merci l’ECI qui a fournit tant de points pour que tout cela soit possible…. !!
Une page s'est tournée…Sylvain ne s’est pas levé samedi dernier, le sentiment du devoir accompli. 2 jours plus tôt, je foulai pour la première fois de ma vie le sol du temple de la résine que fréquente quotidiennement bon nombre de cuvettards, Espace Vertical 3. Un sympathique rassemblement qui me value, en plus d’une bonne dégustation de chips et de jambon de pays, de passer incognito pour un débutant et de gagner un joli t-shirt eb, un sac à corde et un sac à cake tout neufs. De quoi enfin renouveler mon matériel vieux d’au moins 20 ans !!
La saison de la DJ reprend timidement avec Bruno qui se recale dans le rude 7b+ de last ride over sheep mountain, et pour Luca qui tombe toujours plus bas dans l’exigeant Combat ordinaire, 7b+ aussi. A noter que les quelques point supplémentaires rajoutés par Ludo dans Al Amdulillah rendent maintenant ce superbe 7c technique et à doigt de l’ED wall enfin humainement faisable….un nouveau must de LaCuvette qui m’a fait revenir à mes premiers amours : la dalle ! Il n’est fallait pas plus pour renouer avec le style et arpenter de nouveau les vires de l’extrême gauche d’espace Comboire. Une dalle bien raide, que des croutes à arquer, fort, très fort, du genre à garder les doigt crochus toute la semaine... un pur fruit de l’œil aiguisé du Schnappi, Nanouchka, 8a, FA-tée il y a déjà un bail par un Quentin plus qu’enchanté. Ludo, Jean-Yves et Bruno, sautèrent sur cette dernière opportunité de se rendre dans ce secteur pour enchainer tour à tour le court, complexe et beau 7b+ de Patatra. Quant aux montagnards comme Yves, ils cherchent un assureur discret pour reprendre et se frotter aux quelques dernières nouveautés du secteur, en tentant de nous cacher les séquelles irréversibles d’une saison de ski…
Bref, devant nous, un nouvelle page….blanche…