jeudi 27 mai 2010

Contre courant

A l’heure où la nature semble enfin s’éveiller, où le bartasseur revient couvert de tiques et où le skieur pleure en rangeant ses planches, on se prépare, la larme à l’œil, à devoir délaisser notre chère et tendre vire, ses plats devenant de plus en plus intenables. Alors que je remontais récupérer les stats ayant loyalement servi tout l’hiver durant, je croisais une foule pressée par l’échéance, venue profiter des dernières séances possibles. Richard, Eric et Luca terminent la saison d’Espace 2000 dans l’inoubliable bouse en 7c du Con guette de l’espace, dont l’artistique caillou collé et l’engagement pour aller au relais, en disent long sur les grandes qualités de son géniteur. Luca y ajoute une belle croix, dans le nettement plus respectable Pacte d’agression 7c technique et varié, surement le plus beau du secteur et/ou le mieux équipé c’est selon, vu la patine de la voie. A peine plus haut je croisais une palanquée de vertacos en mission punitive, du coté de NSA, 7c…la encore une voie qui ne paye pas de mine, encore à l’image de son ouvreur, mais qui livre à chaque montée une gestuelle incroyable et bien rési. Nico fait la croix, alors que Guigui réalise une des perfs les plus belles qu’ait connu la falaise. A l’heure des 8b+ à vue, il empoche ici, à vue, Envoyez les violons et surtout Le poulpe glaireux, deux 7b+ des plus complexes et exigeants de la LaCuvette. Il ne lui manque plus que Délit d’initié, Est-ce parce qu’on boit rien et No prayer for the Dying pour une razzia inédite. C’est ensuite les infatiguables cuvettards, Lol et Martin qui je croisais dans la très belle dalle de Schnappi, Nanouchka, 8a au secteur extrême gauche. Si on rajoute les venues d’un des premiers ouvreurs du secteur, mister Maurin vérifiant si la relève était assurée avec l’ouverture de nouvelles lignes majeures, ainsi que celle de la jeune génération, Xav en tête écumant les dernières créations made in LaCuvette…jamais la vire n’aura connu telle fréquentation
Putain 20 ans…c’était il y a 20 ans. Notre dernière journée à Buou avec Oliv…sans X parce qu’il ne se prononce pas, comme le G à la fin de putaingue.
En ces temps bénis, tout était permis. Le parking regorgeait de grimpeurs de tous horizons, dans la joie et la bonne humeur d’un Woodstock grimpant…C’est à se demander pourquoi les riverains et les propriétaires ont fini par ne plus supporter cette population si sympathique et responsable. Dire qu’aujourd’hui encore, certains hésitent à louer une chambre ou servir un café aux grimpeurs… Mais heureusement qu’ici encore plus qu’ailleurs, les locaux ont ramé et ont continué à œuvrer dans l’ombre. 20 ans plus tard donc, la face ouest réouvrait. De nombreux rééquipements, quelques ouvertures et de nombreuses séances de nettoyages des abords, ont finalement permis de réhabiliter la falaise. Vêtus de notre plus bel apparat, on s’attendait à y croiser la foule d’antan. Et puis, personne le samedi et à peine plus de grimpeurs le dimanche, excepté mister eb en en personne venue s’essayer à l’un des mythes de la face ouest, Elixir de violence 8a. D’après les rumeurs, les sympathiques grimpeurs civilisés étaient tous quelques kilomètres plus loin, à la très à la mode falaise de Lour… dont il faut taire le nom, puisque chacun sait que pour le bien de la communauté, personne ne doit y grimper, le secteur étant complètement interdit.
Nous pouvions profiter des plaisirs de Buoux en solitaire. Mes compagnons se laissaient aller, à grand coup de "un seul doigt dans le trou", "rentre bien au fond", "bourre bien dedans", "prends moi sec", ou encore "je te la tire ?", "non je préfère la moule" et j’en passe. Buoux, c’est bien sur, ces grands murs colorés à l’esthétisme rare…
mais c’est toujours et avant tout une histoire de potes. Des vrais, ceux avec une bonne vieille tête de winners.

A ce sujet, iI est intéressant de voir comment une soirée passée en leur compagnie, après une bonne journée de fatigue, un apéro qui s’est éternisé et un repas copieusement arrosé, peuvent livrer leur lot de révélations en tout genre. A commencer par Oliv qui, sous des airs de machine de guerre à toute épreuve, cache une âme d’artiste altruiste. Chaque matin à l’épicerie du village il aide les personnes âgées à commander leur demi baguette, qu’il leur choisit avec la croute bien cuite comme elles l’aiment, et qu’il leur découpe avec patience en tranches régulières d’un demi centimètre d’épaisseur tout en leur faisant la conversation. Quant à l’artiste, il suffit d’admirer les œuvres d’art moderne qu’il a disposé un peu partout dans sa salle de muscu perso pour s’en convaincre. Il passe d’ailleurs plus de temps immobile à les contempler plutôt qu’à transpirer sur le rameur bassement matériel se trouvant à leurs pieds. Ludo, lui, en tout grand gaillard qu’il est, est prêt à n’importe quel sacrifice pour son kilo de pates et ses 500g de saucisson quotidien….le fait que François l’appela "mon gros lapin" tout le weekend end, laisse deviner ce qu’il a du accepter. François donc, le sage, l’ancien, la sagesse incarnée venue se frotter aux gueux de LaCuvette… avec son grand fantasme du plastique. Je n’ai pas tout compris d’ailleurs. J’ai vaguement saisi qu’il s’agissait de pâtissier et de cul en plastique. Mais j’ai constaté l’étendue des dégâts : il dort entièrement nu, avec comme seul et unique pyjama, une paire de gants mappa rose fluo. Sylvain qui dormait dans le lit juste a coté, caché dans un renfoncement de la pièce, nous fit part de ses expériences sado maso avec un prof d’EPS qui l’obligeait à se prendre des plombs de 10m, avec si possible chute au sol, tout se faisant fouetter avec l’autre bout de la corde….
Bref, bien des bizarreries à faire passer un sumo mythomane impuissant au régime et pétri de mauvaise fois complètement inaperçu.
Mais au-delà de ces histoires qui ne sortiront jamais du cercle restreint et privé des amis, Buoux c’est inévitablement un rocher inoubliable, une escalade aussi exigeante que traumatisante, des points qui s’éloignent de plus en plus, des steaks à tous les doigts et à chaque jointure
, des pieds qui fument et des chaussons qui se déchiquettent, des sorties en dalle redoutables, des gros combats à vue, des cotations qui flattent l’égo…et à chaque fois des souvenirs impérissables que ce soit en vrac, dans La pesanteur ou la grâce 6c+ et sa règle si compliquée à valoriser, Jungle en folie 7a et son sale pas foireux en dièdre juste sous le relais, Marteau sans maitre 7a et ses trous qui se ressemblent tous, le loir le 7a le plus esthétique de la falaise,
Songe sucré 7a et sa variété de styles souvent fatale, Dresden le 7a+ patiné du mur de TCF qui permet de chuter au sol en zippant à chaque clippage, Exquise esquisse la proue en 7b le plus belle de l’univers, l’imbitable fissure de Pochette surprise 7b, les sublimissimes trous de la conjuration des imbéciles et de Pas de pet, deux fantastiques 7b,
la dalle de chez dalle de drôle de drame toujours 7b, la dalle perverse sur mono de La force tranquille 7c,
l’indécotable et incroyablement variée Polka des ringards 7c, les terrifiants et haut perchés Caprices d’Anatole, 7c+ sur fond de bombé du Spectre,
Chrysalide et son complexe pas de bloc FTien en 8a, les adhérences fatales des deux 8a de la face ouest Elixir de violence et L’homme programmé et enfin les redoutables monos du Cauchemar de l’éléphant 8a encore.
Et puis il n’y a qu’à Buoux qu’on peut voir ça : un passant qui remarque un curieux détail purement cuvettard et qui m’interpelle pour demander des infos sur les nouvelles voies majeures de Voreppe. Ce à quoi je ne pus que lui répondre qu’elles méritaient amplement le déplacement depuis Marseille !!
Buoux – LaCuvette… même combat…n’est pas monsieur AK ? Quand on sait qu’ici la meilleur perf à vue ne culmine qu’à 8a+ avec Choucas, à peine plus que dans sur nos murs nettement plus fréquentés des Lames ou d’Espace comboire…Après tout, Buoux fait un peu partie de Lacuvette, à peine 2H30 de voiture…quand on sait qu’Yves met plus de 3h entre voiture, route fermée et marche d’approche comprise pour aller à la Goulandière ou à St Pancrasse…
Et alors… on y retourne quand ?
En attendant, le même récit vu par l'oeil encore tout mouillé du FT...

samedi 15 mai 2010

En mai

Fais ce qu’il te plait…mais avec tes moufles et ton bonnet, ta doudoune et ton cache nez. Mets bien les chaussettes en laine de mémé et n’oublie pas ton Kway. Et surtout, pense à ton thermos de thé. Les anciens avaient raison et leurs longues observations de la nature ne pouvaient les tromper…Mais aujourd’hui, nous avons nos néo-écolos qui vont bien plus vite, avec leurs déclarations alarmistes sur le réchauffement climatique. Y’a des jours comme aujourd’hui...ainsi que les 15 précédents, où il me prend l’envie de vérifier les liens de causes à effets. Je pourrai aller chercher mes 5 baguettes quotidiennes en voiture, pour les tartiner alternativement de fromage de brebis de Patagonie élevées écologiquement par une grande multinationale, et de pate à tartiner de noisettes bio, importées directement d’Australie par avion pour le compte d’un commerce équitable. Mais j’en prendrai une seule à chaque fois, juste pour faire tourner 5 fois le moteur de mon gros 4x4 sur les 500m qui me sépare de la boulangerie…histoire d'être bien sur des effets de mon bilan carbone.
Mais d’ici là, nous ne cessons de nous régaler du froid, combiné avec les bienfaits de la pluie parfaitement compatible avec l’appétit des cuvettards affamés. Malgrès la dégoulinade sur la dalle de sortie, Ludo est quand même monté pour taper ses essais sur la vire de Ludo’s beach dans le 8a du moment, l’être et le néant.
Mais les conséquences du déluge allaient avoir raison de sa motivation. Et telle une bonne séance de loose hivernale, nous voilà réfugiés sous les toits de Comboire, maintenant mondialement célèbre depuis leur une sur le célèbre portail Kairn. Spéciale dédicace pour Sylvain malheureusement absent, avec les répétitions de son 7a globalement enchainé cet hiver, vieil arsenil, par Ludo qui clippa le relais les pieds encore par terre et pour l’expatrié Mamath qui transfert à merveille son année d’acquis "résine" sur de belles prises 100% naturelles. Mais un 7a est un 7a, et 1 point sur la scorecard LaCuvette.nu est toujours bon à prendre en ces temps de disette avancée.
Tandis que l’accès se transformait en torrent en crue, et juste avant que les résurgences continuent à faire grossir les colos, Luca profita du dernier créneau possible pour enchainer l’Alloix du plus fort le 7c+ de la cascade d’Alloix. Chapeau l’artiste pour tant de clairvoyance !!
Pire qu’en plein hiver, le nombre de prétendants à la sortie hebdomadaire se raréfia dangereusement…. Heureusement il y avait un Schnappi tellement à cran, qu’il en tuna sa voiture avec une poutre sur la banquette arrière,
et un Ludo en pleine dépression pour cause de non enchainement de son premier 8a de l’année.
Tous les deux au bord du gouffre donc, pour me trainer vers cette valeur sûre que le monde entier nous envie. La seule falaise grimpable, par tout temps et à toute heure de l’année : les Vouillants. De grands murs dévers qui ne prennent jamais l’eau, des vapeurs des gaz d’échappement de camions bennes tournant en boucle pour sécher les prises et réchauffer l’atmosphère, des spots light du centre de tri de déchets en contrebas…et voilà les ingrédients d’un site unique au monde. Ludo s’est offert un bon repérage dans les esthétiques et très rési Larmes du désir, 7c+ du mur de l’angoisse.

Schnappi profite de la corde pour une de ses énièmes schnapineries comme seul il en est capable en randonnant la voie en moul, avec des petits cris tendances, juste pour faire croire qu’il force un peu. Encore 5 ou 6 séances à enchainer en moul, et on sera bon pour une croix au premier essai, en triple marchant toute la section dure…
Comme dans les légendes de nos anciens, les petits lutins sont souvent des êtres bienfaisants. Et Schnappi ne déroge pas à la règle, avec son petit bonnet et sa barbiche de 3 jours. Il me regardait dans Est-ce cabot, cet espèce de 7c+ ultra court et très bloc. Une de ces bouses incontournables comme seule LaCuvette peut nous en offrir. Ecoutant la légende de Lol et Martin avec leur pseudo méthode rando par la droite avec un talon, je m’évertuais à découvrir les clés de cette méthode de fillette. Et j’entendais Schnappi ricaner autant qu’il le pouvait, en me regardant laborieusement chercher. Le petit nain me lança alors ses sages paroles : "Opte pour la méthode directe, celle de la force, ne persiste pas sur les chemins tortueux de la facilité et de la technique qui ne te mèneront nulle part". Et ce fut la révélation, même si je préférai le mono…on se refait pas….à la pince plate de Schnappi. La suite fut limpide : blocage bien bas, pieds à plat, jeté sur la mauvaise règle main gauche en tendu. Un bon bourrinage pour caler le genou droit et enfin parvenir aux règles du haut. Le tour était joué….
Décidément nos anciens avaient encore une fois raison. Ces vieux adages ne se trompent guère : on a toujours besoin de plus petit que soi…

dimanche 9 mai 2010

Petites bricoles

Comme évoqué il y a peu, force est de constater qu’il suffit souvent de petites bricoles, de petits riens pour transformer le monde qui nous entoure. Peu de chose, quelques petits trucs, pour qu’un désagrément quotidien n’est soit plus un, pour que notre perception du monde change ou pour que la vie bascule. Il aura fallu qu’un illuminé regarde une pomme tomber pour que toute l’humanité prenne enfin conscience des forces qui l’entoure. A moindre échelle, on a tous ses petits arrangements. La photo de la vire d’espace en fond d’écran de mon PC, qui me réconforte, à chaque moments difficiles de mes dures journées de labeur, et qui suscite bien des émois de la part des plus jeunes de mes collaboratrices avec leurs "Oh, qu’est que ça à l’air dur….Oh mais qu’est ce que c’est beau"....en s’extasiant devant les détails de dos musculeux du grimpeur suspendu. Pour Oliv, c’est son pan construit juste sous son bureau, pour ponctuer ses journées par de vivifiants bourrinages, entre 2 signatures de contrats. Ludo s’est fixé sa poutre sur le montant de la porte du labo et ses yeux se remplissent de désirs, chaque matin, lorsqu’il s’installe à son poste. Il paraitrait même que Schnappi serait en train de faire de même avec la porte de sa future salle des profs qui sent bon l’odeur de pipe et où gisent les tracts CGT de la prochaine journée de grève hebdomadaire.
Mais malheureusement parfois, l’issue est moins heureuse…un petit trottoir mal placé et voilà notre actif président de l’ECI basculant par dessus sa machine à pédale…cotes cassée et petite fracture pour que pendant plusieurs semaines, les grimpeurs du p’tit désert puissent se régaler du chant des oiseaux qui ne sera pas masqué par le bruit d’un perfo maniaque. Quelques soucis économiques et voilà un de nos plus illustres représentants de LaCuvette de la grande époque, congédié. Nous n’aurons plus le plaisir de nous régaler de lire et relire la plume de notre JMC national, des heures durant, confortablement installer sur le trône, et souvent responsable d’une file impatiente, tambourinant et nous suppliant de faire vite, derrière la porte.
Pour ce qui est des bricoles, il y en a un qui détache particulièrement du lot. A chaque fois que je le vois ouvrir son sac, je me prépare à découvrir quelque chose. Comme l’été semblait avoir avancé son arrivée, je le retrouvai du coté de la face nord du trou de l’aigle à Crossey. L’occasion pour ce vieux briscard de LaCuvette de découvrir ses grands murs techniques, accompagné d’un autre vieux briscard local de l’étape Michel, toujours prêt pour des nouvelles aventures dans ces gorges truffées de cailloux. Avec les yeux d’un enfant émerveillé, j’écoutais Raymond, m’expliquant le bien fondé de son grigri adaptor, pour sécuriser l’assurage avec une corde fine…d’autant plus utile lorsque l’on doit assurer un sumo tapant des essais dans un projet trop dur pour lui. De fil en aiguille, il me montra son nouvel étui, le Panasonic protector. Un détournement de l’étui du triangle de signalisation qu’on a tous dans le coffre de sa voiture…mais je me demande toujours comment je vais maintenant faire pour rentrer ce triangle dans ma housse d’appareil photo…. Et puis, le clou du spectacle arriva lorsqu’il sortit sa bouteille d’eau. Une simple bouteille en plastique, recyclée pour une 2eme vie….que nenni !! Une merveille de technologie, fruit de longues années de recherche. Vous remarquerez le large bande de grip apportant une réelle sécurité pour la maintient de la bouteille, évitant toutes fausses manip et risque de perte en grande voie. Mais en y regardant de plus prêt, vous constaterez un renfort vertical, fait de bandes plastiques rigides permettant de guider la bouteille lors de son écrasement dans le sac, pour en permettre le compactage sans l’endommager, et ainsi pourvoir s’en resservir. Ne reste plus qu’à déposer un brevet et voilà une rente bien assurée….même si je suis sur qu’il réfléchit déjà à comment prendre une photo avec un mécanisme déporté du grigri, directement incorporé à une bouteille d’eau en matériau à mémoire de forme qui sert aussi de renfort dorsal au sac à dos.
Comme ce fut l’été pendant quinze jours, Schnappi se rendit au Glesy pour plier dans la séance avec une méthode inédite et irréalisable par le commun des grimpeurs, le très bloc Rupture, 8a du secteur Bombé. Belle perf quand on sait le nombre d’heure passées par Luca qui n’a toujours pas le moindre début d’un semblant de méthode décente.
Et puis, il aura suffit d’une bricole, pour qu’on passe d’une semaine estivale à des conditions quasiment hivernales. Avec la neige presqu’à portée de main. Un rien encore, qui manque à Luca pour venir à bout de crux de l’Alloix du plus fort, un superbe 7c+ de la cascade d’Alloix. Un rocher inattendu pour une bonne dose de rési et un crux tout en haut…et surtout une falaise qui a le mérite d’être grimpable par 4° C, dans le brouillard, et sous une pluie incessante… Puisque les conditions étaient de nouveau propices à tenir des plats précaires, direction Ludo’s beach à Comboire et le fameux plat du crux du 8a de l’être et le néant. Après quelques montées pour apprivoiser le dit plat et sentir comment se vautrer sur la règle suivante, nous voilà partis pour de belles séries d’essais. Il est d’ailleurs fort intéressant de s’attarder sur ces petites bricoles, ces petits trucs qui font que même en prenant exactement les mêmes prises, on constate de flagrantes différences entre les individus. Surement un reliquat de leur inconscient profond, refoulé, et qui ressurgit dans ces instants si personnels. Une fluidité presque trop lente pour Ludo qui tricota avec les pieds, comme si, avec son corps de géant, le temps de transit de l’information entre ses pieds et son cerveau devenait visible. Il statifia le crux, le pied bien calé en bas et saisit sans mal la règle loin à gauche. Mais c’est sur la fin que son manque d’assiduité au Schwarzer Maier programme allait lui être fatal. A 3 mouv du bac final, les bras rôtis, les coudes pointant vers l’extérieur, ses doigts s’ouvrirent sur une règle de relance et notre Goliath dut s’avouer vaincu. Nico, lui, avec la précision chirurgicale de ses quechua montés à plat sous les aisselles, mit plus de dynamisme dans le crux, allant même jusqu’à pousser des petits cris que l’on ne lui connaissait pas jusqu’à présent. Et puis, et faisant fi de la pseudo décontraction on le vit enquiller la section finale en rési sur règles éloignées. Sans qu’on ne sache vraiment pourquoi, une prise avant la règle de Ludo, il fut incapable d’enclencher le mouvement suivant… Trop de marge tue la marge…c’est bien connu…et il aura suffit d’une séance supplémentaire pour qu’on retrouve notre PbMaster des grands jours pour randonner le tout, 2 jours plus tard…de bonne augure pour Ludo qui lorgne sur la prochaine fenêtre météo de la semaine à venir! 3eme cas pathologique, le sumo. Une course contre l’asphyxie pour arriver au crux. Une chance de cocu pour atteindre le plat et alors que sa masse fessière semblait l’entrainer vers l’arrière, un élan d’énergie surgit de nulle part lui permis d’envoyer sur la règle loin à gauche. Un gainage plus que laborieux pour arriver à recoller et le voilà à la décontraction. Quelques instants pour retrouver ses esprits et poursuivre en se vautrant règles sur règles. Et les encouragements incessants de Nico et Ludo firent le reste : un dernier croisé, un mousquetonnage hasardeux, des pieds qui flagellent et une dernière reculée avant de saisir le bac terreux de sortie… Autre style, autre voie, Acquis de confiance le 8a à doigt juste à gauche…avec pour une fois une touche féminine avec Mme JMC en personne. Nico me glissa à l’oreille "Méfie des méthodes de filles, elles prennent des prises qui n’existent pas. Et si on ajoute qu’en plus, dame Nature leur a fait don d’un bassin hyper-laxe pour la survie de notre espèce, mais aussi et surtout pour placer les pieds là où jamais toi tu n’oserais imaginer les monter. Et si t’ajoutes à ça leur esprit supérieur dont tu entrevoies le potentiel quand tu leur mets un tournevis, ou pire, une poignée jumar dans la main….tu comprends vite qu’on ne lutte pas à armes égales…". A la voir broyer les prises dès sa première montée, je ne sais pas si Nico avait raison, mais j’ai de plus en plus de doutes sur l’égalité des sexes…toujours est-il qu’il faudra revenir pour tenter de faire aussi bien. En attendant, va bien falloir que j’aille faire deux trois bricoles sur ma poutre….