jeudi 30 décembre 2010

Traditions

Utilisées à toutes les sauces et pas toujours des plus glorieuses, les traditions ont selon de bon qu’elles ne se discutent plus. Elles sont là depuis toujours, malgré toutes les incohérences qu’on pourrait relever. Comment le Père Noël fait-il pour savoir ce que je commande alors que je ne lui ai pas envoyé de lettre ? Comment passe-t-il par la cheminée alors que la maison n’a qu’une chaudière à compensation garantie 100% écolo avec tube d’évacuation d’à peine 10cm de diamètre ? Pourquoi il avait une fausse barbe quand il est venu à l’école la semaine dernière ? Etc, etc…Bien sur il y a toute l’armée de lutins et des rennes qui volent pour noyer le poisson… Et puis comme je le leur répétais, l’important c’est que Noël reste une fête avec plein de magie et de surprises…
S’il est une terre de traditions, c’est bien le Sud-ouest.

Pays de l’art de vivre, des vielles pierres et des villages paisibles, occupé depuis la nuit des temps par nos plus lointains ancêtres.

J’avais eu tort de penser qu’avec -6°C au compteur de la voiture,

il n’y avait que quelques malheureux cuvettards contraints par d’intolérables chantages affectifs, capables de venir se congeler au pied d’une falaise…ou, le soir, sur le pan de Nico, dans une grange ou je l’oblige à couper le chauffage et à laisser la porte ouverte, histoire de travailler nos capacité de survie en slip au milieu de la banquise. ¾ de route pour me rendre de Cahors à la falaise de Milhac. Une des rare fois ou le temps de trajet ne fut pas suffisant pour dégeler mon pare-brise. Même en conduisant, j’avais l’onglée aux pieds. J’étais prêt à faire amis-amis avec 2 chausseurs, seuls êtres vivants croisés jusqu’ici. Et puis à ma grande surprise, ce ne fut pas une, maiss deux, puis trois et même quatre voitures à me rejoindre au parking. Au pays de l’Homme, place au Girl Power avec la championne mondiale du canton international de Brive, Soso. Celle qui réunit à ses pieds l’ensemble de la population masculine du pays.
C’est sous leurs vives acclamations qu’elle décortiqua les mouvements très physiques de La vie d’artiste, 7c.
Mimichouchou, toujours enclin à livrer ses méthodes, lui suggéra avec élégance celle du crux : "Soso, entre tes deux jambes, tu as un gros trou"… Toute la délicatesse du mot juste…. Heureusement que je n’eus pas droit aux mêmes indications lors de son flashage en règle de Psycho tactilo Kinèse, un 7c aussi surprenant et renversant que son nom. A tel point que Mimichouchou fit le lendemain le déplacement juste pour parachever l’enchainement, une semaine pile après la croix dans sa voisine de gauche, le dévers et rési 7c+ de Tu pousses tu mousses.
Pendant ce temps Soso partagea des méthodes de filles avec la jeune génération, pour Pépée, le 7c classique et très esthétique de la falaise…
Tout ça sous l’œil de Papa qui tenta de faire bonne figure.
Coté homme, Cyril continue sa croisade sur la falaise. Après la version standard de La promenade, il s’attaque à la version directe en 8a/8a+ et varie les styles avec le dangereux mono de L’air du temps, à la cote étrange 7b-8a.
Comme tout bon local un lendemain de fête, c’est le cœur léger et la tête dans les étoiles…euh non, plutôt le corps lourd et des étoiles qui tournent encore dans la tête que Laurent et Bertrand livrèrent de valeureux combats dans Piège à con 6b+ et la variante courte de Ni dieu ni maître, 7a+.
Et comme le veut la tradition, pas un séjour en terre FT sans lui faire un petit clin d'oeil. Se sera cette fois-ci de s'accorder le privilège unique d'être le premier à mettre les doigts sur les infâmes reglettes que lui seul eut l'idée d'utiliser, pour éviter le corchet à gauche, dans American Griffiti. 7c comme ça (variante directe ou future ligne finalement logique ?) contre 7b+ dans sa version soft.
Ah, le poids des traditions…sinon comment expliquer l’acharnement de Luca dans la Poudre, le premier 8a de toute une génération (déjà ancienne !) aux Lames. Au point même de trainer Eric au pied de la falaise, par gros vent du nord, avec grisaille et températures comme prévues par le fameux réchauffement climatique. Et tout ça pour faire demi tour au pied de la falaise, pour cause de d’hypothermie…
Un autre geste ancestral, le marquage de territoire. Il y a la version taillage d'initiales à la FT où alors l'option raffinée de Sylvain et Jean-Yves pour leur début de siège sur la vire de Ludo’s Beach.

Tradition oblige pour Oliv. Après la poutre, passage obligé par la machine à mulet qui doit ses lettres de noblesse à Schnappi, le désormais célèbre PG.
On aurait tord d’opposer tradition et progrès. Pour s’en convaincre, il m’a suffit d’observer ma fille en train de passer sa commande au père Noël : des habits pour la poupée qu’elle a depuis la naissance et un simili i-phone rose pour pouvoir appeler ses copines de l’école. C’est bien en s’appuyant sur de solides racines que se construit l’avenir. Un peu comme Voreppe, découvert au siècle dernier par le couple Hervé - Maurinus. A l’époque s’ouvrait un 8a au style futuriste : 3m hyper physiques sur patates en toit, fading light, et aujourd’hui s’ouvre un mur dalleux sur croutes de près de 40m, l'ultime combat, 8a dans ce style furieusement old school qui faisant fureur dans les années 80. Tout ça pour le bonheur de Martin pour la première et du Schnoux pour la seconde. Et je ne résiste pas au bonheur des cette courte vidéo.

Fading Light 8a from Lacuvette on Vimeo.

Non pas pour voir notre serial croiteur aussi à l’aise que moi dans notre anti- style mais surtout et comme c’est souvent le cas, pour les seconds rôles que l’on découvre après plusieurs visionnages. Les 2 individus sur la gauche, pour qui le temps passe tandis que la mode s’arrêta il y a bien longtemps. 2 actifs défenseurs de l’inimitable style cuvettard, deux gravures de mode aux antipodes de la prana attitude, notre signe de ralliement, notre seule et unique force.
La tradition, y’a que ca de vrai et l’histoire ne retiendra que ça !!

dimanche 12 décembre 2010

Retour vers le futur

Un peu comme si l’histoire n’était faite que pour se répéter. Chaque génération finissant par redécouvrir ce que les plus anciens savaient déjà depuis longtemps. Seule la façade change, intégrant les miracles futiles de nos technologies modernes et se conformant aux codes d'une mode qui finira par tomber dans l’oubli.
Il suffit de passer outre les chaussons qui montent jusqu’à la cheville, les Pierre Alain reliés par une cordelette nouée et surtout la coiffure casque blindé à la Sue Ellen, pour s’apercevoir qu’il y plus de 25 ans, l’esprit LaCuvette était déjà bien la.
Les pieds bien à plat sur des adhérences furtives, un caillou ultra compact et surtout une belle rallonge confectionnée avec amour, faite d’un vieux bout de corde de l’époque. Dans l’esprit, tout était déjà là, du pur spirit LaCuvette, que j'ai retrouvé avec bonheur sur le nouveau site d’Hervé. Un joli souvenir d’un des monuments de la grimpe locale, Les chaleurs de Corinne superbe 7a bien dalleux de St Egrève.
Et fouillant parmi d’autres vieilleries, je tombai sur une carte postale de notre vallée. Le point de vue m’était familier.
Ce ne pouvait être pris que depuis la même vire que celle que l’on arpente si souvent les samedi matins. Les anciens venaient déjà ici, pour méditer, pour se ressourcer devant le spectacle féérique du paysage cuvettard qui s’éveille un matin d’hiver. Quelques décennie d’urbanisation plus tard, les cheminées à fabrique de nuage gris en plus et nous voilà à notre tour au même endroit, contemplant l’horizon pour y laisser s’y perdre nos pensées.
Et ce n’est pas 30 cm de neige légère qui nous empêcha avec Eric de perpétuer la tradition. Et la rumeur avait gagné visiblement tout le pays. Les conteurs en ayant fait leur affaire. C’est presque sans surprise que malgré cet épais manteau blanc et ces chandelles glacées pendouillant de la falaise, qu’au détour d’un secteur, nous croisions une autre cordée. Me dévisageant à travers ma cagoule, ma doudoune à capuche et mon bonnet couvrant le tout, j’entendis mon nom dans la bouche de ces étrangers. En fait une vielle connaissance, perdue de vue depuis près de 20 ans, depuis ma fuite des verts pâturages de Normandie. Je reconnus alors instantanément Axel B, celui qui m’avait sauvé de suicide, dans cette contrée hostile à toute forme de soleil et de grimpe. Celui par qui vint mon salut en me faisant découvrir l’unique falaise à plus de 100km à la ronde : LaRoque. C’est à cette époque que je compris que le mouvement le plus pur de l’escalade ne pouvait-être que le bourrinage de face, sur mono, pieds à plat, et dans un gros bombé blanc protégé par de vieux ancrages enfoncés à la main dans ce mauvais rocher crayeux.
Style singulier d’où jaillit quasi spontanément un maitre redoutable du style : Lol, fort justement dénommé la haut, LaRoque Star, par les quelques survivants à son passage. Star qui fut aperçu récemment un peu plus bas sur la vire avec Dexter Martin, serial croiteur en grande forme. Les deux sont venus parfaire leur culture de la vire avec la ligne très esthétique d’envoyez les violons prolongé, 7c+. Une superbe proue bien résistante qui mériterait bien plus de visites. Et comme il faut tout faire et même les bouses, rien de tel que de contraster la séance avec cette belle réussite et une belle rouste dans l’espèce de 7a de 3m qui ne ressemble à rien de droite : No work, better climb. Nommé ainsi en hommage a Schnappi…non pas pour le coté bouse, mais en souvenir de sa période faste ou tombèrent les 8b, en bien plus grande abondance que les Euros d'un salaire….
Le soleil pointa son nez, les bonnes conditions et surtout son croisement génétique secret avec une espèce disparue d’albatros géant permirent à Eric de confortablement randonner la croix de fer du crux final de A prendre ou à lêcher, pour son baptème octograde sur la vire d’Espace Comboire. Après cette douce entrée en matière vint le moment de s’attaquer à un vrai mythe, Sidi’H Bibi, 8a. Et même en appelant à la rescousse un Nico dopé au gainage extra-terrestre, le mythe resta hors d’atteinte, malgré de remarquables plombs aux endroits spécialement étudiés pour.
Surement les mêmes que du se mettre, du temps ou le fluo se portait moulant, un certain D.Raboutou, laissant parait-il son mousqueton pour un des buts les plus mémorables de l'histoire de la vire, cette voie n'étant alors cotée que 7c+…
Comme quoi, toujours les même expériences, toujours les mêmes conclusions, générations après générations….