dimanche 24 janvier 2010

Les trompettes

Jusqu’à présent nous nous étions habitués à œuvrer dans l’ombre, discrètement, et sans tambour ni trompette...enfin, sauf quand il y a Raymon...
Loin de toute mondanité et bien à l’abri sous le rebord de LaCuvette, nous ne croisions que la plus sauvage des faunes locales, souvent dérangées par nos sorties trop matinales. Et puis, sans prévenir, notre innocence se trouva révélée au grand jour, sur un célèbre portail traitant de varappe à mains nues. En regardant de plus près, il est vrai que l’absolue bonne foi, l’objectivité sans faille, la recherche journaliste approfondie et de terrain ainsi que le non détournement de photos volées du post incriminé, saute aux yeux. Je ne boudai donc point le plaisir de contempler l’image d’un Comboire dans la grisaille, perdue au milieu d’autres de tant de spots ibériques, tous plus paradisiaques le uns que les autres, dégoulinant de voies extrêmes et bondés d’une planète grimpe ultrabrite parfaitement homogène. L’ancien Comboire, ce fameux secteur des toits, si désuet, témoin d’une époque révolue, faite d’expériences interdites, où aujourd’hui, encore il demeure quasiment impossible de trouver une seule prise naturelle. Une photo de Ludo engoncé dans son damart avant de taper son essai dans surprise écologique, un 7b+ où l’on peut se vanter de toucher des prises que les plus beaux spots d’Espagne ne connaitrons jamais : des rondins de bois, amoureusement polis à la main, craquelés par le gel, et vissés la tête en bas dans le toit…Un vrai plaisir mêlant anachronisme et d’antinomie...
Mais restons lucides et suivons les conseils du regretté George. A toute exhibition, ma nature est rétive, souffrant d'un' modesti' quasiment maladive, je ne fais voir mes organes procréateurs à personne, excepté mes femm's et mes docteurs. Dois-je, pour défrayer la chroniqu' des scandales, battre l' tambour avec mes parti's génitales, dois-je les arborer plus ostensiblement, Comme un enfant de chœur porte un saint sacrement ?


Sylvain qui pourrait revendiquer pour lui plutôt la grosse caisse, dut faire, le premier les frais, de cette soudaine renommée. Il fut pris en chasse sur l’autoroute par un bus de fans et un admirateur trop insistant. A volant de sa 106 tuning rabaissée et toussotante, tranquillement en route pour une après midi de rêve à Voreppe, il fut soudainement pris en sandwich avec une portière complètement enfoncée. Tout ça pour le contraindre à s’arrêter sur le bas coté, histoire de signer quelques autographes et distribuer des bises. Et que dire de Voreppe, jadis havre de paix et de tranquillité. Un certain dimanche, alléchés par les vidéos de LaCuvette, plus de 4 prétendants faisaient la queue, au pied du mondialement célèbre Bouze Maker, 7c. Lol et Martin durent même revenir en semaine, histoire d’éviter la foule pour enfin parvenir à ajouter la belle à leur tableau de chasse.
Jusqu’alors puriste parmi puriste, Martin aurait même été contaminé par le syndrome perche et départ préclippé (du milieu de la voie), plusieurs témoins l’ayant aperçu en flagrant délit dans P’tit rond.
Donc, un pic de 500 visiteurs par jours, des internautes connectés depuis des pays ou il ne pleut pas, des lecteurs restant plus d’1/2h sur LaCuvette pour admirer la collection hiver 2009-2010 LaCuvette, présentée par Schnappi, Yves et FT, dont j’avais oublié de mettre en ligne la photo.Schnappi qui, rejoint par deux autres de nos jeunes modèles stars, Charlie et Pierrick, continue d’arpenter les podiums de la vallée, cette fois ci au Mas d’Auris, où il se donne en spectacle dans la très exigeante traversée en 7c du Tigre rebelle ainsi que dans la nouvelle version directe du Tigre de papier (nouvelle, puisqu’un sumo aurait broyé une prise clé dans le haut), qui selon ses dires pourrait avoisiner les 8a.
Que faire alors pour assouvir l’appétit de tous ces lecteurs ? La moindre des choses serait que Kairn puisse à son tour avoir la surprise d’être dans les pages de LaCuvette. J’aurais pu rebondir sur leur test de la crème Climb on, mais sut’ été du déjà vu. Et puis tout le monde sais que pour entretenir durablement son épiderme, rien de tel que le mélange naturel de poussière et de résidus de gasoil déposés depuis des millénaires par les vas et viens des camions poubelle, sur le mur Lactique des Vouillants. En y associant les vertues de la moiteur d’un orage d’été, les trous de Carmina Bourina, 7b, laissent sur les doigts une fine pellicule d’un beurre de karité local, nourrisant et protecteur pour nos mains sensibles. D’où l’expression : "Pitain, je les tiens pas ces gros plats beurrés !", que le monde entier nous envie, puisqu'un groupe s’est récemment constitué pour faire des Vouillants un des plus beaux spots de grimpe de France.
Alors que j’avais fait l’éloge du grand froid. Celui qui fige sur place toutes tentatives de résurgences et de dégoulinades, voilà que Dame nature nous joua encore un de ses vilains tours, avec un soudain réchauffement. Mais heureusement, en pays Lacuvette, même quand c’est censé être mouillé, c’est sec !!. Samedi dernier, à grand renfort d’arguments douteux, je dus contrer les affirmations de mes comparses, qui par 3 fois, tentèrent de faire demi tour avant d’arriver à bon port. Une première fois devant Espace 2000, où je m’en sortis avec la preuve irréfutable de l’existence d’une coulée sèche. La seconde fois devant Larme à l’œil, où je feignais apercevoir au loin les murs secs du secteur des araignées, puis la dernière fois au pied de Sidi, transformé pour l’occasion en cascade féérique, où j’affirmai encore avec aplomb que le soleil allait finir par tout assécher avant même que nous posions nos sacs au niveau des dalles du secteur extrême gauche. Dans des circonstances bien précises et uniques chez LaCuvette, il arrive que la neige fonde et dégouline le long de la paroi moins vite qu’elle ne s’évapore ! La démonstration fut faite, puisque Sylvain et Bruno purent répéter les moulures de Rêves de pichs et de Tagada, deux 7b sur un caillou qui n’a rien à envier aux sites shootés pour les magazines ! Mission accomplie, ils avaient envie de revenir, convaincus du caractère exceptionnel du lieu. Une semaine plus tard, avec en renfort Ludo et Jean-Yves, nous nous surprîmes à regretter les conditions de collante d’antan, obligés de supporter la chaleur des 3° et du franc soleil. Un homme heureux, dans les 6c, et nous l’étions tous, lorsque que nous (enfin je, les autres faisant mine de ne pas vouloir se griller à l’échauffement) FA-tions cette nouvelle ligne de la vire. Puis Bruno savoura Tagada, 7b, tandis que Jean-Yves nageait en plein Rêves de Pich, 7b aussi. Et dans ce pays joyeux, des rires et des chants, je parvenais à faire taire cette mitraillette folle. Un 7c+ oublié et très peu répété, à tort, tout au bout à gauche du secteur extrême gauche. Deux sections bien raides sur croutes typiquement espace comboiriennes pour le plus grand des bonheurs…
Mais que sont donc toutes ces inepties. Lecteurs, fuyez ces lignes malveillantes, n’adresser plus jamais la parole à cet individu qui n’a de cesse de vouloir nuire à ses semblables…Faire croire qu’Espace Comboire serait la plus belle falaise du monde…et pourquoi pas , tant qu'on y est, que les grimpeurs sont tous devenus altruistes, respectueux et dévoués à une noble et durable cause ? ...On est surement tout aussi nombreux à vouloir y croire !!

dimanche 10 janvier 2010

Ah glaglagla

Souvent associé à ''brrrrrr, clac, clac, clac, clac''. Et pourtant…Froid ? Moi ? Jamais ! Comme nous l’assènent d’éminents climatologues et comme l’affirmait une jolie réclame que ne dira surement rien aux plus jeunes des lecteurs, si tant est qu’il en existe.



Cela faisait plusieurs jours que je cherchais en vain le thème du premier post LaCuvette de l’année. J’hésitai entre les 10 plus ridicules manières de souhaiter la bonne année, les meilleurs conseils pour se taper l’incruste dans une réunion au boulot pour piquer la plus grosse part de galette de rois en grugeant la fève et ainsi justifier de se resservir une seconde fois, ou encore comment s’occuper sur l’Autoroute, avec 30cm de neige tombés dans la nuit, qu’un seul et unique pauvre cantonnier s’évertue à déblayer, armé d’une simple pelle et d'un balai…mais bon, avec un tarif du kilomètre si bon marché, il faut savoir être indulgent. Et puis, en divaguant sur le web, je trouvai enfin l’inspiration. Le plagié serait donc ces amateurs de choucroutes qui ont prodigué leurs conseils pour grimper par grand froid.

Le sujet étant de circonstance, et surtout, vu son expérience en la matière, mondialement reconnue, LaCuvette se devait de distiller à son tour quelques trucs et astuces complémentaires pour grimper au fin fond d’un congélateur. Nos alsaciens nous ont suggéré quelques techniques ''qui leur ont permis de grimper et d'enchaîner des voies dans le 8 alors qu'il faisait entre zéro et 5°C''. Mais il est bon de noter qu’en notre plat pays, à 5° c’est déjà l’été, et que l’on tombe le baudard pour plonger dans l’eau d’un lac de montagne. Nous parlerons plutôt ici de températures bien en déça du 0°, jusqu'à -10°, proche du record d’il y a 15 jours avec Sylvain et Jean-Yves.

Par de telles températures, nous grimpons et enchainons des voies dans le 7, soit strictement sans aucune différence par rapport aux autres périodes de l’année. Soit une performance nettement plus méritante….mais là n’est pas la question.Reprenons donc un à un ces conseils pour saucisses de Strasbourg, que l’on agrémentera d’un peu de gratin dauphinois, histoire que ca tienne encore mieux au corps. C’est ce que je donne à mes enfants : patates saucisses, rien de tel pour s’assurer la tranquillité lors de la longue sieste pour digérer derrière.
''- Vous habiller chaudement, sans oublier les gants, écharpe, bonnet, une bonne paire de chaussettes (voire une deuxième si la marche d'approche s'effectue dans la neige)''
Mais tout ça n’est rien à coté du fameux…Damart, thermolactyl ! Il faut impérativement un caleçon long. Un qui crépite dans la nuit et qui hérisse tous les poils. Avec pieds intégrés bien sur. L’arme ultime étant de les recouvrir d'une paire de chaussettes mi cuisses (sauf pour Ludo, vu sa taille elles ne lui arrivent que mi mollets) et si possible tricotées main par mémé. Ensuite, fourrez le tout dans ce que les spécialistes appellent des moon boots. Elles présentent le double avantage d’avoir des raquettes intégrées (contre l’enfoncement dans la neige) et leur empreinte, parfaitement ronde, permet de passer incognito, imitant à la perfection les traces du passage d’un troupeau d’éléphants sauvages. Attention, il est indispensable d’avoir pensé à faire petite et grosse commissions avant d’enfiler l’attirail complet, sous peine de devoir se retenir pendant toute la séance. (en cas d’ennuis de prostate comme Yves, les dégâts peuvent être considérables…)''-Essayez plutôt des voies courtes ou offrant des repos vous permettant de vous réchauffer les mains. Privilégiez des voies que vous connaissez où vous pouvez grimper vite ; vous et votre assureur vous refroidiraient moins''
En fait peu importe la longueur, et puis on s’en fout de l’assureur. A chacun ses malheurs. Il y a deux principes à retenir. Le premier c’est de privilégier les voies avec des prises bien douloureuses. Autant profiter de l’anesthésie complète des doigts pour se les déchiqueter sur des règles tranchantes, se les lacérer dans des trous sanglants ou se les coincer dans d’atroces fissures. Le deuxième c’est de choisir des voies avec des platasses qu’on ne pensait jamais pouvoir tenir. Autant profiter du manque total de sensation et faire preuve d’une grande auto persuasion en se disant : ''aujourd’hui, ça tient (ca colle en langage d’initiés)''.''-Privilégiez des voies au soleil et à l'abri du vent''
Le problème, c’est quand la cuvette est bouchée…ben soleil ou pas, de toute manière on ne le voit pas. Il reste cantonné au dessus de la mer de nuages. Ce qui compte, c’est de trouver les falaises avec des routes praticables le plus loin possible, pour éviter que l’approche se transforme en véritable randonnée. A ce propos, quand il y a beaucoup de neige, pensez à emmener un cuvettard exité de la rando. Avec ses skis, il se fera un devoir de faire la trace dans les 40 cm de fraiche…encore merci à celui qui à fait celle de samedi à Comboire. Ensuite, privilégiez plutôt les secteurs bien à l’ombre…parce qu’au soleil, la neige ca fond…et en plus du danger des avalanches, les coulées viendront tremper les prises que vous aviez si joliment entourées de traits de cake. De plus, en étant bien à l’ombre et bien au froid, les stalactites resteront solidement accrochées, évitant ainsi de transformer votre assureur en brochette géante. ''-Prenez une thermos de thé/café''
Cette version marche assez bien avec la gente féminine, surtout avec quelques petits gâteaux qu’on aura feint avoir fait soi-même. C’est l’occasion d’offrir un verre et de faire un brin de causette, les yeux dans les yeux, troublés par dans la chaude vapeur envoutante d’un thé aux plantes aphrodisiaques. A moins de certains penchants, il est préférable de porter au cuvettard, tel Mr Dusse, une bonne rasade de vin chaud. Quand en plus il est accompagné d’un tupperware de tartiflette encore tiède de la veille, le résultat est parfait.
''- Placez dès que vous le pouvez vos chaussons et votre sac à magnésie entre votre t-shirt et votre pull/polaire''
Là pareil, c’est marche bien pour un cuvettarde, bien propre sur elle. Mais l’on rêve tous d’en croiser une un jour. Pour le cuvettard, une odeur forte et caractéristique risque de contaminer pour toujours l’ensemble des vêtements du jour. On pourra ouvrir le tupperware précédemment cité histoire de faire diversion. Enfin, pour les plus courageux, avant d’enfiler vos chaussons, ouvrez-les en grand, puis les plaquer contre votre visage à la manière d’un masque à gaz. Expirez une dizaine de fois. Si vous êtes encore vivants, votre haleine toute chaude aura permis de réchauffer vos chaussons, et vos petits pieds douillets vous en seront éternellement reconnaissants.
''-Restez en mouvement quand vous ne grimpez pas (sautillez, bougez vos orteils)''
Ca, ça ne marche que pour les grands sportifs. Personnellement, je n’en ai jamais connu. J’ai déjà vu des grimpeurs étranges en train de s’agiter en bas, fixant maniaquement leur projet, en train de faire de gestes bizarres…mais jamais par grand froid…D’un autre coté, je dois avouer que par grand froid, je n’ai jamais vu personne d’autre que mes cuvettards adorés au pied d’une falaise.
''-Utilisez des tissus chaufferettes, à placer dans votre sac à magnésie, dans vos poches ou même directement sur des prises de repos''
C’est bien connu, l’endroit toujours le plus chaud, surement pour le bien de l’espèce, c’est dans le slip. De préférence son slip bien sûr, même si comme Schnappi, certains aimeraient que de temps en temps quelqu'un, ou plutôt quelqu’une, s’y invite…Il peut cependant se poser un problème d’accès, du au fameux Damart. Mais sachez qu’il existe une très sympathique version kangourou, particulièrement bien adaptée.
''-Utilisez la méthode dite "du vigneron", pour vous réchauffer les doigts avant de faire un essai : faites claquer très fortement vos doigts sur votre dos, en effectuant un mouvement de bras très ample tel que montré sur la photo ci-dessous. Faites autant de répétions jusqu'à avoir les doigts brûlants''
En plus de cette excellente méthode, nous avons développé celle dite du ‘’Bruno-rond’’, que m’avait apprise Bruno, un sombre jour de janvier, dans le brouillard d’Omblèze. Alors qu’on pourrait penser à un effet secondaire du vin chaud, il s’agit fort heureusement de totalement autre chose. J’avais les deux pieds complètement rigidifiés pour le climat sibérien de l’époque. Ils étaient incapables d’épouser la moindre aspérité de ces belles dalles grises techniques de la falaise. 5 min avant de taper l’essai, Bruno quitta ses chaussettes, plongea ses pieds nus, fins et légers, dans un bon gros tas de neige. Il ferma ensuite les yeux, sans rien dire. Quelques grimaces plus tard, il enfila ses pieds fumants dans ses chaussons….et enchaina son projet. En descendant il me lança, à moi son jeune padawan, ''si onglée tu as, la choper avant l’essai mieux il sera''.
Un grand merci à nos Kougelhopf-iens pour leurs judicieux conseils. La seule chose que je rajouterai à cet excellent article, c’est que le plus important encore, c'est bien ce petit soleil qui s’allume au fond nos petits cœurs sensibles dès lors que l’on se retrouve au pied d’une de nos si belles falaises de LaCuvette, et ce, quelques soient les caprices de la météo !!