dimanche 22 avril 2012

Générations

Pour certains, elles se suivraient sans jamais se ressembler. Mais avec les années, on ne manquera pas de constater qu’elles forment des cycles, la vie n’étant finalement qu’un éternel recommencement. En vagabondant sur un portail grimpesque, je tombais sur cette vidéo d’un illuminé chevelu en collant moulant, pendu dans un surplomb, sans corde. Pour tous les grimpeurs d’un autre siècle, forcément un remake de dieu…celui qui nous a converti. Tous les grimpeurs prépubères que nous étions à l’époque, n’ayant pu faire autrement que se prêter eux aussi à ce même petit jeu osé. A St Egrève en particulier, falaise phare de l’époque… Il n’en fallait pas moins pour qu’un élan nostalgique nous ramène à venir tâter de la voie technique, du temps ou les colos et autres gros devers ne servaient à rien. Avec Yves et surtout avec une corde, les années ayant fait leur travail de sape. Yves pour qui les souvenirs de la voie du week dernier sont déjà approximatifs, imaginez quand il faut aller chercher des infos vieilles de près de 25 ans. Autant dire qu’il allait pouvoir tenter à vue des voies qu’il avait déjà faites. De belles tentatives, à chercher les prises, à louvoyer et à monter un peu au dessus des points…que ce soit dans la fissure renfougne malcommode mais inoubliable de Coit mental, 6b,
 dans la traversée dalleuse, pieds bien à plat, de Baby Alone 6b+, en enchainant les 2 longueurs,

ou encore dans l’un des plus beau 6c de l’univers cuvettard, In Shalla, incroyablement varié, entre dalle, gouttes d’eau et surplomb. Même s’il lui a fallu quelques pauses pour reprendre ses esprits, il reste très fier de pouvoir dire que lui a vu le relais, contrairement à d’illustres prédécesseurs dont il a récupéré un maillon de but.


St Egrève, donc, falaise de toute une génération et portée pour notre mondialement connu Glaude, qui y enchainait dans les années 80, l’envers du décors, fantastique 7c des haut lieux….à une époque on l’on se battait, plus au sud, à Buoux, pour enchainer le premier 8a. Falaise bondée, parkingx envahis, problème de cohabitation, excès des grimpeurs…puis fermeture de la face ouest. Il aura fallu une génération pour que la situation s’améliore et que ce secteur réouvre. A l’heure de la grosse conti sur colo, on se retrouve souvent tous seuls pour révisiter les classiques du lieu. Sylvain dans Jambon beurre, son 100ème 7a
même s’il laisse parfois des maillons dans les 6c ailleurs…Oliv qui serre les monos du départ de vertiges et décadences 7a aussi
ou les trous de Voodo Club, joli 6c+ plus à droite.
Sylvain encore qui repère longuement la très esthétique proue d’Exquise esquisses 7b…pour préférer tout oublier autrement.
A Buoux, comme à St Egrève, c’est l’occasion de se faire rouster dans des dalles bien complexes, de psychoter les pieds et les mains à plats, tétanisé au dessus des points. De se rappeler que le 7a d’avant, c’était dur. Grand moment de solitude dans l’Escoube 7a, ou dans la Belle de cadix, 7a+ du secteur l’autoroute...même si en guise de consolation j’arrive à faire la dalle finale de sa voisine, la valse aux adieux, 7a+ encore qui nous avait laissée perplexes avec Bruno il a un mois.
Grimpeur des années 80, mais grimpeurs jusqu’au bout des seins…comme dirait l’autre. Grimpeur qui en veulent, qui en ont. Et quand il décide de couper une branche que a eu la mauvaise idée de pousser dans une de ses voies, pas de demi mesure. Un seul coup de scie…et 2 tendons sectionnés. Quand je vous disais que notre cher président de l’ECI Hervé est de cette trempe…Il a même du impressionner le chirurgien, qui en a oublié la planchette d’équipement sous le bandage…Souhaitons un prompt rétablissement à notre président, même s’il n’en est plus à sa près….le défrichage en tout genre, ça marque une vie
La génération d’aujourd’hui, c’est vite fait bien fait 3 points dans un dévers de 3m pour 2 connexions et un seul relais, histoire de rentabiliser et de consommer au plus rapide. Et voilà comment s’occuper aux Saillants, à 10min du boulot. Nico continu à prouver que le pan ca paye et plie la petite vingtaine de mouvements très rési d’espace les spasmes 7c+ sur une jolie proue esthétique. Rési pour certains….ou pas de bloc sur pas blocs pour d’autres…mais qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse !! Et ce petit régime bien tonique m’aura permis, lors d’un petit passage avec Sylvain sur la vire de ludo’s beach à Comboire, de venir à bout du cours et forçu Dosadi, 8a. 6 essais dans la séance…ce qui laissa le temps à Sylvain de bien caler les mouvements, avant sa bière, dans vent d’orage 7a,
 l’étoile et le fouet 7b+ et Aerobut 7c,
,histoire de se donner le droit d’aller boire une bonne bière.
Et comment finir autrement qu’en saluant l’énormissime Iaki qui marquera à coup sur de nombreuses générations par ses films d’un autre temps, d’un autre univers, d’une autre intelligence….des films de grimpe qui ne ressemblent à rien d’autre, voir à rien tout court… mais l’art ne s’explique pas et il décroche le premier prix du festival Mets de la wax 2012. A coté Cannes ou les oscars, c’est serait presque de la merde en boite.